• Au camp de Saint Cyprien

    La gare de Elne destination finale des convois ferroviaires. Les détenus sont ensuite acheminés à Saint-Cyprien par camions.

    En Belgique, sont arrêtés le 10 mai 1940 et déportés « les étrangers de sexe masculins nés entre le 1er janvier 1881 et le 31 décembre 1923 ». Mais la liste de Saint Cyprien révélera que des gens plus âgés ou plus jeunes ont été également arrêtés et déportés. Après leur arrestation, les déportés sont rassemblés dans les grandes villes pour être évacués vers la France par convois ferroviaires. Ils ne connaissent pas leur destination finale. Selon des témoignages « le déplacement s’effectue dans des conditions inhumaines ; des milliers de gens sont entassés dans des wagons à bestiaux ou à marchandises. Ils ont faim, les conditions d’hygiènes sont insupportables, les étapes sont longues, la chaleur du début de l’été chauffe les wagons. Il n’y a pas de place pour s’asseoir ou s’étendre, pas de toilettes – les gens se soulagent à travers les lattes du plancher arrachées – il est impossible de se rafraîchir, le peu d’eau disponible étant bue (…) Le voyage dure de dix à quinze jours avant que les expulsés n’atteignent Saint Cyprien ». En fait, c’est à la gare de Elne qu’ils arrivent et ils termineront leur périple en camion, surveillés par des fantassins sénégalais armés. Un témoin signale que, lors du voyage, « des wagons entiers furent pillés par des patrouilles de gardes mobiles et de soldats ivres qui raflèrent les quelques francs des pauvres et les milliers de dollars des riches ».

    Au camp, ces nouveaux internés sont considérés comme des prisonniers de guerre et non pas traités comme des hébergés. Il y a partout des barbelés et les baraques sont faites de deux murs et un toit, posées à même le sable, sans plancher ni électricité. Au sud les Pyrénées, à l’ouest la lagune, à l’est la mer et au nord, derrières les barbelés, les baraques des Sénégalais. Chaque interné reçoit un numéro matricule et doit remettre aux autorités portefeuille, canif, stylo, documents personnels. À ceux qui n’ont pas été pillés en route, on ne laisse qu’une somme d’argent minime qui sera vite dépensée à la cantine. Huit jours après arrivent des ballots de paille mais ils sont envahis de poux. Deux semaines après, des couvertures sont distribuées. L’eau, parfois saumâtre, vient des pompes difficiles à amorcer et il n’y a pas de latrines. Bientôt, la dysenterie et la typhoïde s’installent, faisant de nombreuses victimes. 

    Article paru dans La Semaine du Roussillon





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