• Histoire parue dans le « Journal de Béziers de Novembre 2003 »

     

    On connaît la trame du célèbre conte d'Alphonse DAUDET

     

    Un jeune paysan de Camargue est amoureux fou d'une belle Arlésienne qu'il s'apprête à épouser et dont il apprend un jour l'infidélité. Il en perd la raison et se précipite du haut d'une tourelle pour aller mourir d'amour sous les yeux de sa mère. De ce drame, Georges BIZET allait faire l'une de ses plus belles oeuvres avec « Carmen ».

    Ce que l'on sait beaucoup moins, ce que beaucoup ignorent , c'est que cette Arlésienne dont on parle dans tout le drame mais que l'on ne voit jamais !, a bel et bien existé. Mais cette Arlésienne n'était pas Arlésienne :

     

    C'était une jeune et belle Biterroise.

    L'histoire commence donc à Béziers vers la moitié du 19ème siècle. Il existait à cette époque, rue Massol, dans les locaux actuels de l'Espace Riquet, l'Ecole Saint Dominique que dirigeaient les frères de la Doctrine Chrétienne. La réputation de cet établissement était si bien établie, son enseignement si recherché, que beaucoup de jeunes gens, venus de loin, venaient y faire leurs études à l'initiative de leurs parents. Et parmi ces élèves se trouvait un certain François Mistral un petit-neveu du grand Félibre de Maillane.

    Ses parents avaient recommandé François à une famille Biterroise qu'ils connaissaient fort bien et qui veillait sur lui. Lors de ses sorties, le jeune homme, qui était placé en internat, était chaleureusement reçu dans cette famille qui résidait Place Garibaldi. François était d'autant plus pressé de se rendre régulièrement Place Garibaldi, qu'il rencontrait la fille unique de cette famille d'accueil, une ravissante jeune fille prénommée Marie. Et ce qui devait arriver éclata un beau jour aux yeux de tous : François et Marie étaient tombés amoureux. Pour François, la première et absolue passion de sa jeune vie. Pour Marie, la suite des évènements révèlera qu'il en était tout autrement.

    Les Fiançailles sont décidées. Nous sommes en 1862. François rentre chez lui, à Maillane, pour y passer les vacances et revoir sa famille qui se languit de lui. Une longue correspondance s'établit entre les deux jeunes gens, lettres enflammées où ils se disent leur passion à longueur de lignes.

    François nage en plein bonheur. Mais soudain, pour le petit-neveu de Frédéric Mistral, dont les parents viennent d'acheter la bague de fiançailles de la future épouse, c'est l'inconcevable et terrible nouvelle. Des renseignements dignes de foi, parvenus de Béziers, sont formels :

    Marie a un amant, Marie aime un autre homme. C'est comme si tout le ciel de sa belle Provence était tombé sur la tête de François. Son amour, si pur, si absolu, son premier amour, était bafoué, renié. Des tentatives seront faites, par les parents de la jeune Biterroise, pour "Arranger les choses", pour relancer les fiançailles, pour offrir un mariage rapide. En vain. François est de ceux qui dans la vie n'aiment qu'une fois. Dés lors ce n'est plus le même jeune homme, heureux et plein de vitalité, que connaissaient ses parents et amis. Il s'enferme dans un grand silence douloureux : Le mal a fait son oeuvre.

    Et le jour de la grande fête de Maillane, c'est le drame. Vers cinq heures du matin, la dernière farandole vient d'être dansée et s'éteignent les derniers lampions. Soudain un immense cri s'élève tout au bout du village, au Mas du Juge, lieu de naissance de Mistral. Ce cri qui a traversé la nuit, c'est celui de la mère de François. L'amoureux fou de Marie la Biterroise vient de se jeter de l'étage supérieur de la vieille bâtisse.

    Serrant son enfant mort dans ses bras, une maman brisée clame sa douleur. La mort tragique de François, ce petit-neveu qu'il aimait beaucoup, bouleverse Frédéric Mistral, d'autant plus qu'il connaissait tous les dessous de cette triste affaire, François lui ayant ouvert son cœur. Et Mistral parle un jour de François et de sa belle Biterroise à son grand ami Alphonse Daudet, tous deux se rencontrant souvent, soit à Maillane soit chez Daudet à Fontvieille. Ce drame bouleverse aussi Daudet. Avec son immense talent, il en fait un conte qu'il insère dans les fameuses « Lettres de mon moulin » où Marie l'infidèle deviendra tout simplement l'Arlésienne.

    Daudet allait tirer plus tard de ce conte un drame en trois actes que Georges Bizet mettra superbement en musique.

    A la parution de « L'Arlésienne » Frédéric Mistral aurait écrit à Daudet :

    « Le fait est raconté comme si tu l'avais vu » !. Mais selon certaines sources, la révélation de cette tragédie par Daudet aurait suscité l'irritation de Mistral et provoqué une brouille passagère entre les deux amis.

    Toujours est-il ; que le samedi 27 juin 1863, un an après la mort tragique de François, un grand mariage avait lieu à Béziers : Marie épousait l'héritier d'un industriel de notre ville. Jamais le nom de la jeune fille n'a été révélé par aucun chroniqueur par respect pour sa famille.

    « L'Arlésienne » repose aujourd'hui au cimetière St Lazare à Montpellier.

    Jean AZAÏS


  • Du Moyen-Âge à nos jours, un ouvrage d'art méconnu, un patrimoine à trois facettes historique, économique et environnementale.

     

    Un canal millénaire

    Souvent ignoré ou craint, le Canal d'Elne (el Rec d'Elna) est pourtant un ouvrage d'art qui joue un rôle positif dans notre territoire depuis près de 1000 ans ; un ancien canal est en effet attesté depuis le Xème siècle. C'est cependant en 1184 qu'il acquiert son tracé actuel : environ 17 kilomètres en cumulant les 2 branches qui traversent 4 communes : Ortaffa, Elne, Latour-bas-Elne et Saint-Cyprien. Sa prise d'eau est alors fixée sur le Tech à Ortaffa grâce à une retenue d'eau sur la rivière (una resclosa). Cette année-là, le seigneur d'Ortaffa accorde « à Dieu, à Sainte-Eulalie, à l'évêque et seigneur d'Elne, au cierge et à la communauté des habitants », la concession de l'eau du Tech. Cette eau est attribuée exclusivement à Elne, même si, bien plus tard, Latour-bas-Elne et Saint-Cyprien pourront également en bénéficier, mais la nuit seulement.

     

    Les 3 vocations historiques du canal

    Tout d'abord moteur de l'économie industrielle et agricole, le canal d'Elne a transformé le bassin d'Elne en un territoire arrosé par un réseau de canaux et ruisseaux (el ragatiu o regadiu) luxuriant. Le premier objectif du canal a été le fonctionnement des 7 moulins, à huile, à farine ou drapiers situés sur son parcours ; ces moulins existent toujours. La seconde vocation est agricole, essentiellement à partit du XIXème siècle lorsque se développe la culture intensive des primeurs qui fera la richesse et la renommée de ce terroir. Le canal arrose alors 1120 hectares ; il est le 3ème du département et le 1er sur le Tech. De cette époque date de la création Syndicat des jardiniers d'Elne et du premier marché de gros (1896). La troisième vocation de ce canal, conjointement avec les 2 autres, a toujours été l'écoulement des eaux de pluies.

     

    Les gestionnaires du canal

    Le canal est d'abord géré par les meuniers jusqu'au XIXème siècle puis par les jardiniers constitués en syndicats d'irrigants, une Association Syndicale Autorisée (ici pour gérer un canal) (ASA). Le garde du canal qui régule aussi les vannes (le banner) en est une des principales figures ; autrefois chargé de la police de l'eau, il actionne les vannes, régule et surveille le parcours de l'eau. Jusqu'au milieu du XXème siècle, un secrétaire du Syndicat distribue l'eau à tous les ayants droit à la minute près ! Avec le déclin de l'agriculture et l'arrivée de nouvelles méthodes d'irrigation, la perte progressive des us et coutumes du canal a conduit le syndicat en 1997 à transmettre à la mairie de Elne sa gestion.

     

    Un canal menacé

    Depuis des siècles, l'ingéniosité et le labeur de nos ancêtres ont transformé le Roussillon en un territoire arrosé par un réseau de canaux et ruisseaux (une huerta, la plus célèbre est « L'Horta de València ») verdoyant grâce à un dense réseau de canaux et ruisseau (agulla) ou une prise d'eau sur le canal principal mais aussi, par extension, un ruisseau qui naît directement du canal (un ull) amenant l'eau loin des fleuves pour étendre ses bienfaits à une grande partie du territoire ; ce faisant, ils drainent aussi le surplus d'eau des pluies parfois torrentielles si caractéristiques de nos régions. Cet ensemble a sculpté nos paysages et a donné l'identité à nos terroirs.

    Aujourd'hui, les canaux voient leur existence menacée par des restrictions drastiques imposées par de nouvelles directives. Ce serait une erreur de dissocier nos fleuves des canaux avec lesquels ils forment un ensemble complexe de diffusion d'eau qui permet à la fois l'alimentation des nappes phréatiques et le maintien de la biodiversité. D'un point de vue écologique, on ne peut réduire l'intérêt des canaux à leur seul usage agricole. La rive gauche de la basse plaine du Tech, dont le vaste territoire d'Elne est au centre, est traversée par cette « coulée verte » avant l'heure. Elle garantit la qualité de la vie de ses habitants et attire aussi de nombreux visiteurs. A nous de savoir comprendre, aimer et défendre ces canaux comme celui d'Elne et d'en faire, par des aménagements bien pensés, un atout pour le développement durable, dès aujourd'hui et pour le futur.

     

    Le Canal d'Elne (el Rec d'Elna)

     

    Légende :

    Les prises d'eau et les ruisseaux (ulls et agulles) : Chaque prise d'eau (ull) donne naissance a un ruisseau du même nom.

    1 – Ull d'en Bo

    2 – Ull del Moli nou

    2a – Ull de nit

    3 – Ull d'en Beltran

    4 – Ull d'en Berges

    5 – Ull de Cotlliure

    6 – Ull de la Sangnia

     

    Les moulins (chaque moulin peut avoir plusieurs noms)

    A – El Moli nou (1534)

    B – El Moli d'en Bertran (d'en reyners) XIVème siècle

    C – El Moli d'en reig XIVème siècle

    D – El Moli d'en Berges (de les Pipes) XIVème siècle

    E – El Moli d'en Brossa « Brousse » (d'en Danot) XIVème siècle

    F – El Moli d'en Torné XIVème siècle

    G – El Molinas

     

    Les ruisseaux d'écoulement (à ne pas confondre avec les ruisseaux d'arrosage !)

    La Rovina « Roubine »

    La Font d'en Pomer

    Les Aigues vives

    El Ginjoler

    L'Agulla cabdal

    terra dels avis

    Patrimoine agricole et rural du Roussillon

    terradelsavis@gmail.com

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  • Pierre-Paul Riquet

    Pierre-Paul Riquet

     

    Pierre-Paul Riquet, baron de Bonrepos, né le 29 juin 1609 à Béziers dans la province de Languedoc et décédé le 1er octobre 1680 à Toulouse, est un fermier général des gabelles et entrepreneur français qui a conçu et réalisé le canal du Midi dans le sud de la France entre la Garonne et la mer Méditerranée.

     

    Biographie

    Pierre-Paul Riquet naît à Béziers, probablement le 29 juin étant le jour de la fête des saints Pierre et Paul, ce qui justifierait le choix de son prénom, et l'année de 1609 est déduite de son acte de décès qui mentionne qu'il est mort à 71 ans, dans une famille de notables et de commerçants. Son père, Guillaume Riquet, est un notaire et homme d'affaires qui a fait partie du « Conseil des Trente » de Béziers.

    Selon la légende familiale, il aurait fait ses études au Collège jésuite de Béziers (l'actuel Lycée Henri IV), puis aurait reçu une formation d'ingénieur. Il se marie avec Catherine de Milhau vers 1637 qui lui donne sept enfants dont cinq parviennent à l'âge adulte (deux garçons et trois filles). Il mène une carrière prospère comme gabelou dans l'administration des gabelles, la perception de l'impôt sur le sel (grenetier au grenier à sel de Mirepoix de 1639 à 1641, receveur du même grenier à sel en 1645, sous-fermier des gabelles de Mirepoix et Castres en 1647 puis fermier des gabelles de Languedoc en 1661). Il s'enrichit notablement comme entrepreneur du transport du sel entre les entrepôts de Narbonne et les greniers à sel du Haut-Languedoc.

    Affairiste comme son père, il est pendant de nombreuses années banquier privé, petit puis gros prêteur puis, aspirant à l'ennoblissement, se lance dans un grand projet, la construction du canal du Midi. La légende veut que son père, Francois-Guillaume Riquet, se soit opposé au début du siècle à la construction d'un canal reliant l'Atlantique à la Méditerranée. Le projet de Bernard Arribat, comme tant d'autres, ne parvenait pas à résoudre le problème de l'approvisionnement en eau du canal. Riquet passe cet écueil grâce à sa connaissance de la montagne Noire environnante et en reprenant le projet de Thomas de Scorbiac, conseiller à la Chambre de l’Édit de Castres, et dont le père et le grand-père en auraient déjà fait la proposition. Il connait un point de partage - le seuil de Naurouze - déjà identifié par ses prédécesseurs, de part et d'autre duquel les cours d'eau s'écoulent soit vers l’océan Atlantique, soit vers la mer Méditerranée. Riquet y positionne le point culminant du canal, à 48 mètres au-dessus du niveau de la Garonne.

    Le 15 novembre 1662, Pierre-Paul Riquet propose son projet à Colbert sur l'injonction de l'archevêque de Toulouse, Charles-François d'Anglure de Bourlement. Il avance des arguments économiques (enrichir le Languedoc, notamment en développant le commerce du blé) et politiques (canal suffisamment large pour faire passer les galères du roi en évitant de passer par Gibraltar, évitant ainsi l'Espagne et les Barbaresques).

    Quelques mois plus tard, le ministre nomme des commissaires chargés d'étudier la faisabilité de l'ouvrage. Après qu'une rigole d'essai entre le torrent de l'Alzeau, sur le versant méridional de la Montagne Noire, et le le seuil de Naurouze a été réalisée avec succès, une première tranche des travaux est confiée par Colbert à Riquet (édit royal d'octobre 1666 qui décrète le début des travaux au 1er janvier 1667). Durant toute la durée des travaux, et profitant de sa fonction de fermier général des Gabelles de Languedoc et Roussillon, Riquet investira sur ses fonds propres deux millions de livres, sur un projet estimé entre 17 et 18 millions de livres de l’époque et qui constitue le deuxième chantier du royaume après celui du château de Versailles.

    En contrepartie, il reçoit les droits de péage du canal et bénéficie des retombées des échanges commerciaux, ce qui ne l'empêche pas d'être fortement endetté (en raison des retards de paiement de Colbert, les finances de l'État en guerre étant au plus bas), à tel point qu'à sa mort ses héritiers devront vendre la moitié de leurs parts du canal.

    Lorsque son ouvrage est mis en doute, Riquet fait preuve d'une étonnante ténacité, allant jusqu'à désobéir aux ordres de Colbert. Ainsi, il fait percer l'improbable tunnel de Malpas malgré les ordres royaux, détournant des ouvriers. Son audace ne fut pas seulement technique (pour ce faire il s'entoura d'hommes compétents comme par exemple François Andréossy, son cartographe et dessinateur technique) : il est aussi le premier à instituer la mensualisation des salaires et la sécurité sociale pour ses ouvriers (même malades ou s'il pleuvait, ils étaient payés) afin de les fidéliser.

    Sa première maison à Toulouse est encore visible 1, place Roger Salengro. On peut flâner dans le parc de son hôtel (disparu) de Frascati, qu'il avait acheté en 1675, qui constitue maintenant la plus grande partie du Jardin des Plantes de Toulouse. Sa statue se trouve en haut des allées Jaurès, à quelques mètres du canal, tournant le dos à celui-ci. 

    Article tiré de Wikipédia


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    Sacre de Philippe III le Hardi

     

    Philippe III, dit « Philippe le Hardi », né le 1er mai 1245 à Poissy et décédé le 5 octobre 1285 à Perpignan, fut roi de France de 1270 à 1285, le dixième de la dynastie dite des Capétiens directs.

    Il était le fils de Louis IX (1214-1270), dit « Saint Louis », roi de France, et de Marguerite de provence (1221-1295).

    Cadet de famille, le prince Philippe n'était pas destiné à régner sur un royaume. C'est à la mort de son frère aîné Louis en 1260 qu'il devient le prince héritier. Il a alors quinze ans et présente beaucoup moins d'aptitudes que son frère, étant de caractère doux, soumis, timide et versatile, presque écrasé par les fortes personnalités de ses parents.

    Sa mère Marguerite lui fait promettre de rester sous sa tutelle jusqu'à l'âge de trente ans, mais son père le roi Saint Louis fait casser le serment par le pape, préférant bonifier son fils par une éducation sans faille. C'est ainsi que le pape Urbain IV relève Philippe de son serment le 6 juin 1263. À cet effet, il lui adjoint à partir de 1268 pour mentor Pierre de La Brosse. Saint Louis se charge en outre de lui prodiguer ses propres conseils, rédigeant en particulier ses Enseignements, qui inculquent avant tout la notion de justice comme premier devoir de roi. Il reçut également une éducation très tournée vers la foi. Guillaume d'Ercuis était en outre son aumônier, avant d'être le précepteur de son fils, le futur roi Philippe IV.

     

    Un avènement dans la douleur

    Dans la mouvance du traité de Corbeil, conclu le 11 mars 1258 entre Jacques 1er d'Aragon et son père, Philippe fut marié en 1262 à Isabelle d'Aragon à Clermont par l'archevêque de Rouen Eudes Rigaud. Il en eut quatre garçons : Louis (1264-1276), Philippe, Robert (1269-av. 1276) et Charles (ainsi qu'un fils mort-né fin janvier 1271). En 1270, il accompagne son père à la huitième croisade, à Tunis. Peu avant son départ, Saint Louis avait remis la régence du royaume entre les mains de Mathieu de Vendôme et Simon II de Clermont-Nesle, comte de Clermont, auxquels il avait en outre confié le sceau royal. Après la prise de Carthage, l'armée est frappée par une épidémie de dysentrie, qui n'épargne ni Philippe, ni sa famille. Son frère Jean-Tristan meurt le premier le 3 août, puis, le 25, vers 15 heures, le roi Louis succombe à son tour. Pour empêcher la putréfaction de la dépouille du souverain, on a recours au mos Teutonicus (consiste à séparer les os de la chair du cadavre, cette technique hygiénique permet ainsi pour les grands seigneurs et prélats mourant loin de leur communauté de rapatrier leurs os avant que leur corps ne soit putréfié).

    Philippe est donc proclamé roi sous le nom de « Philippe III » à Tunis. Sans grande personnalité ni volonté, très pieux, mais bon cavalier, il doit davantage son surnom de « Hardi » à sa vaillance au combat qu'à sa force de caractère. Il se révèle incapable de commander aux troupes, affecté qu'il est de la mort de son père. Il laisse son oncleCharles Ier d'Anjou négocier avec Abû Abd Allah Muhammad al-Mustansir, sultan hasside de Tunis, et conclure une trêve de dix ans qui lui permet de revenir en France. Ce dernier obtient le versement d'un tribut du calife de Tunis en échange du départ des croisés. Un traité fut conclu le 28 octobre 1270 entre les rois de France, se Sicile, de Navarre et leurs barons d'une part ; le calife de Tunis de l'autre.

    D'autres morts endeuillent encore cette débâcle. En décembre, à Trapani, en Sicile, le beau-frère de Philippe, le roi de Navarre Thibaut de Champagne trouve la mort. Il est rapidement suivi dans la tombe par son épouse Isabelle de France, la soeur de Philippe. Enfin, un mois plus tard, en Calabre, l'épouse du souverain, Isabelle d'Aragon, alors enceinte de son cinquième enfant, fait une malheureuse chute de cheval. Elle se brise la colonne vertébrale, fait une fausse-couche et meurt dans d'affreuses douleurs à Cosenza.

    Philippe III arrive à Paris le 21 mai 1271, et rend avant tout hommage aux victimes, qui furent bien sûr nombreuses aussi parmi les soldats. Dès le lendemain ont lieu les funérailles de son père. Le nouveau souverain est sacré roi de France à Reims le 15 août 1271.

     

    Un règne charnière

    L'avènement de Philippe III s'accompagne rapidement d'un bouleversement dans le paysage politique : la mort du roi d'Angleterre Henri III et la fin d'une vacance du trône impérial longue de 19 ans. En outre, la préoccupation de l'Europe n'est plus aux croisades. Ainsi, alors que celles-ci avaient été des composantes majeures du règne de son père, le sien sera surtout marqué par des conflits territoriaux, des contestations d'héritages et des guerres de vassalité, phénomène qui va encore s'accentuer pendant le règne de son fils.

    Conservant la plupart des conseillers de son père, ainsi que Eustache de Beaumarchès, sénéchal de Poitou, de Toulouse et d'Auvergne, Philippe III a pour grand chambellan Pierre de La Brosse qu'il fait pendre en 1278.

     

    Politique intérieure

    Par des héritages, annexions, achats, unions, et guerres, Philippe III s'attache sans cesse à agrandir le domaine royal et y affermir son autorité.

    En 1271-1272, il opère sa première transaction territoriale en incorporant au domaine royal l'héritage de son oncle Alphonse de Poiiters : le comté de Toulouse, le Poitou et une partie de l'Auvergne. Par le traité d'Amiens en 1279, il est cependant contraint de céder l'Agenais, la Saintonge et le Ponthieu au roi d'Angleterre Édouard Ier. Il hérite également du comté du Perche et du comté d'Alençon de son frère Pierre décédé en 1283.

    Il a l'occasion de faire ses premiers faits d'armes personnels en 1272, quand il convoque l'ost royal contre les comtes de Foix et d'Armagnac qui lui contestent son pouvoir. Armagnac se rend, et Foix, battu, est emprisonné. Il lui restitue cependant ses terres en 1277. Il achète également les comtés de Nemours et Chartres en 1274 et 1284. Il acquiert aussi diverses villes, telles Harfleur et Montmorillon. Il retire également au roi de Majorque l'autorité sur Montpellier. En revanche, il cède au pape Grégoire X le comtat Venaissin en 1274.

    Il mène une politique matrimoniale efficace, étant l'instigateur du mariage de sa cousine Mahaut d'Artois avec le comte Othon IV de Bourgogne, préparant ainsi le rapprochement de cette région, terre impériale (l'actuelle Franche-Comté), avec le royaume. Il intervient aussi en Navarre après la mort d'Henri Ier de Navarre qui laisse une fille Jeanne sous la tutelle de sa mère Blanche d'Artois et de Ferdinand de la Cerda. Blanche d'Artois fiance Jeanne au fils de Philippe, le futur Philippe le Bel. La Champagne et la Navarre sont administrées par les Français de par le traité d'Orléans de 1275, et la Champagne est définitivement rattachée au domaine en 1314. Le mariage a finalement lieu en 1284.

    Du point de vue des institutions, Philippe III introduit plusieurs nouveautés. Il fixe la majorité des rois de France à quatorze ans. Il affermit la justice royale au détriment des justices seigneuriales, instituant un tribunal royal dans chaque bailliage ou sénéchaussée. Il frappe d’amendes les nobles ne répondant pas à la convocation à l'ost royal. Il crée un impôt sur les transmissions de fiefs. Enfin, il institutionnalise la ségrégation envers les juifs.

     

    Politique extérieure

     

    Gisant de Philippe III à Saint-Denis

     

    En Castille, après la mort de son beau-frère Ferdinand de la Cerda en 1275, Philippe III prend sans succès le parti des enfants de celui-ci contre Don Sanche, désigné successeur par le roi Alphonse X.

    En Italie, il soutient le pape Martin IV contre les gibelins, faisant une expédition punitive en Romagne. Il soutient également la politique sicilienne de son oncle Charles d'Anjou, après les massacres des Vêpres siciliennes en 1282. Pierre III d'Aragon, considéré comme l'instigateur du massacre, est excommunié par le pape qui lui enlève son royaume et le donne à Charles de Valois, lequel ne peut le conserver.

    En 1285, après l'affaire de Sicile, Philippe III, sans son oncle Charles d'Anjou mort en début d'année, engage la croisade d'Aragon et attaque sans succès la Catalogne (siège de Gérone du 26 jiun au 7 septembre 1285). Son armée touchée par une épidémie de dysenterie, il est défait en septembre à la bataille des Formigues, et est obligé de faire retraite. Celle-ci est désastreuse, l'armée française est à nouveau défaite le 1er octobre à la bataille du col de Panissars, et lui-même meurt à Perpignan le 5 octobre 1285.

    Mort loin de la capitale, se pose la question du traitement de son corps, la technique de l'embaumement antique ayant été perdue. La putréfaction du cadavre est alors limitée par l'éviscération et la technique funéraire du mos Teutonicus. Il est le premier roi de France à disposer de la tripartition du corps (delaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements). Concernant le corps de Philippe III, il sera en fait divisé en quatre parties : ses chairs sont envoyées à la cathédrale de Narbonne et ses entrailles à l'abbaye de la Noë en Normandie, ses os rejoignant la nécropole royale de Saint-Denis, son cœur étant confié à son confesseur dominicain qui l'offre aux Jacobins de Paris. Cette pratique de sépultures multiples, pourtant interdite par une décrétale du pape Boniface VIII en 1299, est reprise ensuite par les rois puis les reines et les proches de la dynastie capétienne car elle permet la multiplication des cérémonies (funérailles du corps, la plus importante, puis funérailles du cœur et funérailles des entrailles) et des lieux où honorer le roi défunt.

    Pierre d'Aragon mourant un mois plus tard, Gérone se livre à son successeur, et le nouveau roi de France, Philippe IV le Bel décide le retour en France.

     

    Unions et descendance

    Le 28 mai 1262 à Clermond-Ferrant, il épouse en premières noces Isabelle d'Aragon (1247-1271), fille du roi Jacques Ier d'Aragon. Ayant accompagné le roi à la huitième croisade, elle meurt tragiquement d'une chute de cheval, en Calabre, sur le chemin du retour, alors enceinte de son 5e enfant.

    De cette union sont issus :

    • Louis (1264-1276), prince héritier du 25 août 1270 à sa mort ;

    • Philippe IV (1268-1314), dit « Philippe le Bel », roi de France ;

    • Robert (1269-av. 1276) ;

    • Charles de France (1270-1325), comte de Valois (de son mariage avec Marguerite d'Anjou est issu Philippe de Valois, (1293-1350) futur roi de France en 1328 sous le nom de Philippe VI de France. Il est à l'origine de la dynastie de Valois).

    Le 21 août 1274 à Vincennes, Philippe III épouse en secondes noces Marie de Brabant (1254-1321), fille de Henri III, duc de Brabant, et d'Adélaïde de Bourgogne.

    De cette union sont issus :

    • Louis de France (1276-1319), comte d'Évreux ;

    • Marguerite de France, épouse en 1299 Édouard Ier, roi d'Angleterre ;

    • Blanche de France (1278-1306), épouse en 1300 Rodolphe III, duc d'Autriche - postérité éteinte.

    Article tiré de Wikipédia


  • Gilbert Brutus en 1911, en maillot de l'US perpignanaise

     

    Gilbert Brutus, né le 2 août 1887 à Port-Vendres, décédé le 7 mars 1944 à Perpignan, est un joueur, dirigeant, entraîneur et arbitre français de rugby à XV, homme politique et résistant.

    Grande figure du rugby catalan et languedocien dans l'entre-deux-guerres, conseiller municipal de Perpignan, il est un des résistants français de la première heure et meurt, après avoir été arrêté par l'occupant, dès suites des tortures qui lui ont été infligées

     

    Biographie

    Gilbert Brutus naquit en 1887 à Port-Vendres, son père est employé aux Ponts-et-Chaussées. Gilbert Brutus devint lui-même employé aux Ponts-et-Chaussées. En 1911, il épousa Thérèse Estève. Le couple eut un fils.

    Lors de la Première Guerre mondiale, Gilbert Brutus fut observateur en ballon, ce qui consistait à observer le front, depuis un aérostat, pour communiquer des informations à l'artillerie. Plusieurs fois attaqué par l'aviation et l'artillerie allemande, il dut, en 1918, sauter de son ballon en feu en parachute pour se sauver.

    Après la mort de sa femme, Gilbert Brutus se remaria en 1922 avec Marie, Gabrielle Hourie, avec laquelle il n'eut pas d'enfant.

     

    Sa carrière sportive en rugby à XV

    Joueur au poste de trois quart centre ou de troisième ligne, il débuta au Stade roussillonnais de Perpignan, joua au stade toulousain lors de son service militaire, puis fut capitaine de l'Association sportive perpignanaise (ASP) championne de France de seconde série en en 1911. Cette victoire permet au club de monter en première division. Il fut également joueur et fondateur du Stade olympique perpignanais (SOP) dont il fut aussi le capitaine l'équipe championne de France deuxième série en 1913.

    Dirigeant, il participa au rapprochement-fusion entre ASP et SOP qui donna naissance en 1919 à l'Union sportive perpignanaise (USP) championne de France en 1925 et finaliste en 1924. Il fut aussi dirigeant de l'Union Sportive Arlequins Perpignan-Roussillon.

    Arbitre, il dirigea deux finales consécutives du Championnat de France de rugby, entre deux mêmes villes, Toulouse et Bayonne, en 1922 et 1923 et des martchs internationaux. Il devint sélectionneur même président national du Comité des sélections durant les années 1930, en compagnie de Jules Cadenat.

    Entraîneur, il dirigea notamment Joseph « Jep » Pascot à l'USP puis Jean Galia, Ernest Camo à l'US Quillan, qu'il mène à trois finales consécutives du championnat, en 1928, 1929 (victoire) et 1930. Il s'engage avec le FC Grenoble lors de la saison 1938-1939, mais sa carrière est stoppée par la guerre.

     

    Engagement politique

    Militant au parti républicain radical et radical socialiste, membre de la tendance Camille Pelletan, il eut des responsabilités municipales à Perpignan, où il fut élu conseiller municipal en 1919, réélu en 1925 et 1935 (ne s'étant pas présenté en 1929). Il soutint le Front Populaire.

    Franc-maçon, il était membre de la loge perpignanaise Saint-Jean des Arts de la Régularité (Grande Loge de France, GLDF), où il avait été initié le 16 mai 1925.

    Durant la Seconde Guerre mondiale, il s'engagea dans la Résistance dès septembre 1940. Il dirigea divers groupes spécialisés dans l'émigration vers l'Espagne, le renseignement dans les Pyrénées-Orientales, et fut arrêté une première fois au début de l’année 1942 pour être transféré à la prison de Montpellier, d'où il fut relâché.

    Membre de l'Armée secrète du général Delestaint, il fut dénoncé et arrêté une seconde fois à Perpignan en 1943, de nouveau relâché. Le 1er mars 1944, il fut de nouveau arrêté, torturé par la Gestapo et la milice dans une geôle de l’ancienne citadelle où il mourut le 7 mars 1944, s'étant peut-être suicidé.

    Article tiré de Wikipédia