•  

    La 2ème République Espagnole est née le 14 avril 1931 du scrutin qui donne la victoire aux partis de gauche.

    Le 18 juillet 1936 éclate un coup d'État Militaire ayant débuté au Maroc, à sa tête le Général FRANCO. Dès le lendemain commence un soulèvement populaire, divisant l’Espagne en deux camps irréductibles qui vont s’affronter les armes à la main pendant une guerre civile sans merci.

    Le destin bascule en janvier 1939 quand FRANCO, aidé d’HITLER et de MUSSOLINI, gagne la Bataille de l’Ebre et ensuite investi Barcelone.

    La retraite (LA RETIRADA) commence alors pour les Républicains Espagnols, vaincu après avoir été trahis, qui espèrent trouver de l’autre côté de la frontière une France amicale, fraternelle, le Pays des Droits de l’Homme, gouvernée aussi par un Front Populaire. Mais il ne s’agit pas du même.En quelques jours, du 2 au 6 février, 500000 personnes : soldats, travailleurs, femmes, enfants, vieillards, blessés, malades passent les postes frontière complètement débordés.

    Dans l’improvisation la plus complète, gendarmes et militaires entassent les réfugiés sur les plages : tout d’abord Argelès ou le 6 février il y a 20000 réfugiés. Mais le 8 il y en a 60000 et le 9, 75000. Bientôt ils sont 100000 et il faut rapidement ouvrir un autre camp, celui de Saint Cyprien ou le 9 on compte déjà 72000 internés. Puis ce sera le Barcarès.

    Les gens sont là, parqués entre la mer d’un côté et une rangés de fils barbelés de l’autre, sans abri aucun, sans eau potable, sans latrines et tout cela durant un mois de février d’un hiver particulièrement rigoureux, avec l’incontournable Tramontane qui vous coupe en deux, vous jette inlassablement le sable de la plage…

    Peu à peu, les prisonniers avec ce qu’ils peuvent rassembler construisent des baraquements de bric et de broc, jusqu’à ce qu’on leur donne des matériaux valables. A Saint Cyprien, là, comme ailleurs rien n’avait été prévu sauf les barbelés…

    Les prisonniers sont arrivés au camp après 2 jours sans manger et le jour suivant on leur jette un pain pour 25, tout ça pour le plaisir de les voir se battre pour en ramasser un morceau… Ensuite, on leur donne de la nourriture crue et qu’ils se débrouillent pour cuire et manger… Il y règne le paludisme, à cause des eaux stagnantes, la dysenterie et la conjonctivite aiguë… En janvier 1940, soit un an après, il reste encore environ 70000 internés dans les camps, malgré qu’on y a puisé une main d’œuvre bon marché, répartie sur tout le territoire national.


  • Date

    Noms

    Prénoms

    18/02/1939

    Inconnu 

     

    27/02/1939

    TERREDEBESSES 

    Emilio

    27/02/1939

    SALVADOR COLLADO 

    Mariano

    01/03/1939

    PASCUAL FREMONT 

    Juan

    10/03/1939

    GOMEZ 

    Pedro

    10/03/1939

    GUBIASA  

    José

    11/03/1939

    SUBIRANA 

    Francisco

    12/03/1939

    PALLARES 

    Emilio

    13/03/1939

    MALLOFE 

    José

    14/03/1939

    HENRICH TOMAS 

    Miguel

    15/03/1939

    BARRERA 

    Julian

    15/03/1939

    FONT BUSQUET 

    Arturo

    17/03/1939

    Inconnu 

     

    17/03/1939

    ROLDAN 

    Joaquim

    17/03/1939

    DOMINGO GROS 

    José

    19/03/1939

    PEREZ GALIEGO 

    Angel

    19/03/1939

    CAMPROBI SOLER 

    Juan

    22/03/1939

    CAIXAS PLASA 

    Ramon

    23/03/1939

    GATELL ODEVA 

    Anselmo

    25/03/1939

    GINES 

    Andres

    26/03/1939

    VILARDAGE ROCA 

    José

    27/03/1939

    BIOSCA VALLS 

    Manuel

    01/04/1939

    GUTERREZ SALA 

    Castor

    02/04/1939

    SOPENA GARCIA 

    Luis

    03/04/1939

    LOPEZ RODRIGUEZ 

    Juan

    11/04/1939

    NOVELLOU OLIVERAS 

    José

    12/04/1939

    GONSALEZ SANGUINO 

    Luis

    18/04/1939

    PETIT ROFOLS 

    José

    23/04/1939

    FERNANDEZ RODRIGUEZ 

    Andres

    26/05/1939

    BORRAS BAQUERA 

    Juan

    31/10/1939

    MUNTANER SARRADO 

    Jacinto

    05/11/1939

    ALVAREZ ARANDA 

    Candido

    20/11/1939

    MORENO DURAN 

    Francisco

    25/11/1939

    VINOLAS SANTAGREU 

    Juan

    02/12/1939

    GARCIA DE LA FRAGUA 

    Juan

    07/12/1939

    MORENO ALCALA 

    Mariano


  • Louis XIV instaure la gabelle en Roussillon en 1661.

    Le sel avant l'apparition du froid artificiel, était le seul moyen connu par l'homme pour la conservation des aliments, viandes ou poissons.

    Le contrôle de son exploitation et sa distribution donneront lieu à une véritable guerre qui durera des siècles.

    La guerre du sel en pays catalan (1ère partie)

    L'étang de Saint-Nazaire, Canet-en-Roussillon avec au fond le Canigou (Photo Jean Josset)

    Alors que le Roussillon a été rattaché en 1659 à la France par le traité des Pyrénées, l'impôt sur le sel, appelé gabelle, y est instauré en décembre 1661 . Il s'agit là d'une violation des « usatges » ou coutumes ancestrales du pays catalan que la nouvelle administration française s'était pourtant engagée à respecter. Le décret royal, promulgué par Louis XIV, prétend harmoniser la levée de cet impôt avec la province voisine du Languedoc : « (,,,) nous n'avons pas trouvé d'impôt plus juste et moins onéreux à nos sujets du dit pays (le Roussillon) que d'établir la vente du sel à notre profit, en la même manière qu'en notre province du Languedoc, puisque chacun de nos sujets en portera sa part ».

    Or, le Roussillon où existent des étangs reliés à la mer depuis toujours un pays de salines et, au moins depuis l'époque des rois de Majorque, la récolte du sel et son commerce sont assurés par les Consuls de Perpignan qui tiennent ce privilège des Comtes-Rois.

    La mise en place de ce nouvel impôt tonne ici comme un coup de tonnerre qui va déclencher une sorte de guerre larvée entre l'administration chargée du contrôle des ventes et les contrebandiers dont le nombre va aller croissant.

    Car le sel est à cette époque un aliment stratégique : il est le seul moyen de conserver viandes et poissons. Il est également un composant nutritif pour le bétail et les éleveurs l'utilisent sous forme de blocs que les bêtes viennent lécher dans les pâturages.

    Dès 1661, le sel est donc devenu un monopole d'État et il est entreposé dans les greniers où l'on en prend possession moyennant le paiement d'une taxe dont le montant est nettement supérieur au tarif précédemment appliqué par les Consuls.

    On s'en doute, les gros utilisateurs de sel ne vont pas se bousculer dans ces greniers mais tenteront plutôt de s'en procurer au moins une partie en contrebande. Et nos Catalans se sont très vite adaptés à ces situations, débordant même les gabelous (gardes royaux) chargés de les intercepter. En 1662, il est dit qu'une centaine de contrebandiers appelés aussi faux-sauniers, sera condamnée.

    Quelques exemples : En avril 1662, Antoni Guillemat, brigadier des gardes des gabelles d'Estagel interpelle sur le chemin qui va de Saint-Féliu à Latour-de-France deux hommes portant chacun un sac, sur son dos dans chacun des sacs, il y a du sel provenant de l'étang de Canet-en-Roussillon. Les trafiquants sont les frères Paris, de Cubières, dans l'Aude. Pour deux qui seront interceptés, il y en a des centaines qui passeront entre les mailles du filet.

    En septembre 1662, Joan Farran, garde du sel de Thuir, surprend dans un mas deux hommes conduisant deux mulets lourdement chargés. Ils prétendent transporter du riz mais il s'agit en fait du sel de Canet-en-Roussillon destiné à Prades qui paraît-il, est une plaque tournante de ce trafic.

    Les premières victimes de ce conflit semblent être deux contrebandiers, l'un de Prades, l'autre de Vinça, qui furent surpris et tués par les gardes le 30 janvier 1663 à Les Cluses. Ils acheminaient vers Prades du sel venu d'Espagne.

    Le 18 novembre 1663, ce sont deux gardes de la gabelle qui sont assassinés sur le territoire de Maureillas. Ils poursuivaient un groupe d'une cinquantaine de contrebandiers auquel on avait tendu une embuscade.

    Les gabelous, détestés par la population rurale, sont bien souvent des « gavatxos » (Languedociens), ce qui accentue encore à leur encontre le ressentiment du peuple catalan qui, dans sa majorité rurale, n'a pas accepté le rattachement à la France. C'est en Vallespir que la résistance à la gabelle va être la plus incisive et un homme va se distinguer dans cette lutte.

    Joseph de la Trinxeria (1630-1689) enfant d'une vieille famille de Prats-de-Mollo, son nom apparaît en 1666 lorsque des gardes de la gabelle découvrent dans sa maison une certaine quantité de sel de provenance non autorisée. Condamné à payer une amende et considérant qu'il s'agit là d'une exaction, il prend les armes avec plusieurs camarades. Leur troupe va dorénavant traquer les gabelous et certains de ces derniers seront tués. Pendant deux ans, de Prats-de-Mollo à Saint-Laurent-de-Cerdans en passant par Céret, la Trinxeria parcourt en maître tout le Vallespir et cette résistance lui vaudra l'admiration des populations. Se joint bientôt à lui le chef des partisans et aussi battle (maire) de la localité de Bassaguda, en catalogne sud. On leur attribue des attaques de convois, embuscades, incursions poussées jusque sous les murailles de Perpignan. Connaissant parfaitement le pays et son relief, aidé par la population, la Trinxeria se joue des poursuites ou menaces proférées contre lui ce qui va exaspérer le terrible François de Sagarre, gouverneur des comtés de Cerdagne et du Roussillon. Ayant entrepris d'exterminer les Angelets – ainsi étaient désignés les combattants fidèles à la Trinxeria – Sagarre prend la tête d'une troupe qui marches sur Arles-sur-Tech le 14 septembre 1668 en vue d'investir le Haut-Vallespir. Le lendemain, alors que la troupe a repris sa progression, elle est attaquée par les hommes de Joseph de la Trinxeria. Forcés de rebrousser chemin, Sagarre et ses hommes s'enferment dans Arles-sur-Tech qui sera assiégée jusqu'à ce qu'une troupe de 6000 hommes viennent les délivrer, le 19 septembre.

    Après cet échec et pendant plus d'un an la gabelle ne fut pratiquement plus appliquée en Vallespir malgré quelques aménagements du règlement. Jusqu'à ce jour de 1670 où les préposés à la gabelle cantonnés aux Fort Périlloux de Prats-de-Mollo arrêtèrent en particulier de Baillestavy, Jean-Michel Mestre, appelé l'Heureu Just. Cet acte de rigueur réveilla le conflit et les paysans conduit par la Trinxeria, entré en force dans Prats-de-Mollo, prirent en otage la femme et les enfants de l'officier commandant le Fort qui ne seraient libérés qu'en échange de l'Hereu Just. Cet échange eu lieu rapidement ce qui aurait pu mettre un terme à l'action de la Trinxeria,

    Ce ne fut pas le cas et c'est encore un détachement de cavalerie cantonné à Céret qui sera fait prisonnier par les Angelets. Nouvelle colère de Sagarre qui, coûte que coûte, décide d'arracher le Vallespir à la domination de la Trinxeria. Celui-ci, devant les moyens mis en œuvre pour l'abattre, se retira en Catalogne où il deviendra colonel dans l'armée d’Espagne. 

    Article paru dans « La Semaine du Roussillon »


  • Une véritable affaire d'état.

    Après l'épisode douloureux vécu par le Roussillon lors de l'instauration de la gabelle, la guerre du sel continua, générant des trafics énormes que les autorités s'efforçaient de contenir, non sans mal.

     

    La guerre du sel en pays catalan (2ème partie)

    Pourquoi, à Collioure, les fenêtres donnant directement sur la mer furent pendant longtemps obligatoirement closes par des grilles de fer ?

    Tout simplement pour rendre le trafic du sel arrivant par la mer plus difficile. Mais les contrebandiers étaient habiles et pleins d'imagination, on le verra plus loin.

    La plaine du Roussillon, peu à peu gagnée sur la mer, compte encore des étangs salés. Ils étaient jadis plus nombreux et ces étangs constituaient un vaste domaine où le ramassage du sel était relativement aisé. La contrebande du sel à toujours existé en Roussillon depuis que les autorités dirigeantes ont cru bon instaurer un impôt sur ce produit indispensable.

    En mai 1816, à 10 heures su soir, les douaniers de Collioure surprirent des marins venant de déposer treize sacs de sel sur les rochers du port. En les poursuivant, ils eurent la stupéfaction de voir disparaître ces hommes par un étroit passage, un trou, conduisant des rochers à la maison de Hyacinthe Cazeau. Ce même Cazeau, obligé comme tous les riverains de garnir ses fenêtres donnant sur la mer de solides barreaux de fer, avait eu l'astucieuse idée d'en fabriquer en... bois, peints de couleur fer rouillé et démontables rapidement. Ce subterfuge fut découvert par les douaniers médusés lors d'une visite domiciliaire, le 21 septembre 1816. Le 22 du même mois, un petit bâtiment espagnol chargé de sel de contrebande fut repéré par les douaniers français, pris en chasse et finalement coulé en rade de Llansa par les douaniers espagnols.

    Et si on labourait l'étang ?...

    En 1815, le directeur des Douanes de Narbonne évaluait à plus de 100000 francs par mois la perception des droits sur le sel dans l'Aude. La lutte contre la perte de recettes par la contrebande était donc prioritaire, mobilisant parfois des effectifs considérable comme ce fut le cas à Saint-Nazaire, en juillet 1817. Cet été-là, une chaleur tropicale avait provoqué l'évaporation de l'eau de l'étang, aggravée par l'extension du système d'irrigation dans la haute vallée du Tech, privant d'eau l'aval de la plaine. Une importante cristallisation de sel sur les rives attira les habitants des alentours et les voilà qui ramassent du sel avec des paniers, des sacs, des comportes et même des attelages. Avisé, le préfet dépêche les douaniers qui, débordés demandèrent l'appui de la troupe.

    Bonne idée, sans doute, mais cette troupe, il faut la loger et où va-t-on la loger sinon chez l'habitant ! Or, même contre de l'argent, l'habitant n'en veut pas, car il sait que la prime officielle est bien inférieure au gain de la contrebande. Ce fut un échec total et le préfet proposa en désespoir de cause qu'on labourât l'étang ! Plus facile à dire qu'à faire et le 26 du même mois de juillet on pouvait dénombrer plus de trois cents personnes sur l'étang desséché. Plusieurs furent arrêtées et conduites en prison mais pendant que les préposés des douanes s'occupaient d'elles, cela laissait le champ libre aux autres.

    Le 7 août, le directeur des Douanes avoue son impuissance : 12 soldats et davantage de préposés n'ont conduit qu'à la saisie de 5 à 600 sacs de sel, c'est peu devant l'énorme quantité prélevée frauduleusement. La troupe reçoit alors de rentrer et force est de constater « que les enlèvements de sel sont devenus considérables, la perte qui en résulte pour le Trésor est si forte qu'il est le moment de porter sur cet étang une force militaire assez importante pour repousser les fraudeurs... » Paroles, paroles,paroles ! Comme dit la chanson.

    ...On pourrait aussi l'inonder

    Les autorités ne savent plus où donner de la tête et on ira jusqu'à recommander aux maires du périmètre d'user de persuasion auprès de leurs administrés. Peine perdue, on s'en doute !

    Et puis, une idée géniale surgit. Quelqu'un proposa tout simplement d'inonder l'étang à moitié asséché et on prend avis auprès de l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Comme le dit Bergé, le maire de Collioure : « il est bien facile de donner des ordres ! Le plus difficile est dans l'exécution... »

    Pour apaiser les esprits, on relâche les cinquante-quatre hommes arrêtés, venu de Palau-del-Vidre, Fourques, Liauro, Vivès, Tresserre, Terrats et même de Saint-Laurent de Cerdans. Parmi eux se trouve le fils du maire de Fourques.

    Mais le temps passe en calculs, en mesures de dimensions de l'étang, en paperasserie administratives. On saisit le Conseil d'État pour l'engagement des dépenses, jusqu'à ce jour du 21 août où le directeur des Douanes écrit au préfet « (…) j'ai l'honneur de vous rendre compte que, dans la nuit du 18 au 19 du courant, 400 paysans armés de bâtons sont descendus de toute part dans l'étang de Saint-Nazaire, à l'effet d'en enlever le sel. La garde départementale et les préposés ayant voulu les empêcher sur divers points de sortir de l'étang avec leur charge, ils se sont spontanément ralliés et fait front en chargeant la garde à coups de bâtons.Les militaires et préposés qui étaient en trop petit nombre pour repousser ces paysans effrénés qu'aucun raisonnement ne pouvait désarmer, se sont vus obligés de faire usage de leurs armes. Plusieurs de ces rebelles ont reçu des coups de baïonnettes, un seul est resté sur le champ de bataille, ayant été atteint d'une balle qui lui a cassé la jambe. Le résultat de cette affaire dans laquelle les militaires et les préposés se sont bien conduits a été l'abandon sur les lieux de 158 sacs et de 54 bâtons ou massues... ». Maigre butin pour une si grand remue-ménage !

    Le 25 août, la bande de sable qui sépare l'étang de la mer est percée et le canal amène un peu d'eau qui fait fondre le sel. La mer agitée a tôt fait de refermer le canal. On le reperce mais pendant la nuit le pillage du sel se poursuit. Nouveaux travaux et nouveaux vols.

    Au mois de septembre, le vent rebouche le canal et le 5, le directeur des Douanes lance un nouvel appel au préfet :  « ...il ne reste plus qu'un parti à prendre, celui de la force et je vous prie d'envoyer promptement sur les lieux, soit de la garde départementale, soit de la garnison. Peut-être M. le Général, d'après les ordres de Son Excellence le Ministre de la Guerre, s'arrêtera-t-il à cette mesure... » Trois jours plus tard, nouveau message au préfet : « Il y a 50 hommes, en y comprenant le détachement de la garde départementale sur l'étang de Saint-Nazaire. Hier,dès la pointe du jour il était couvert de monde, et le service dirigé par l'Inspecteur a été complet. Peu de sacs de sel ont échappé et la brigade de Perpignan, placée sur les arrières les a arrêtés. On peu évaluer à 400 sacs de sel la partie enlevée de l'étang et détruite par le service. Les paysans étaient tellement dégoûtés qu'à midi ils s'étaient retirés et ne cherchaient qu'à sauver leurs sacs vides... »

    Ceci n'est qu'un épisode de la guerre du sel. A Saint-Nazaire, les mêmes faits se renouvelèrent en 1818. Cette année-là, le maire de Canet-en-Roussillon proposa de détourner le canal du Moulin pour noyer le sel de l'étang tandis qu'à l'autre extrémité, le maire d'Elne protestait fermement contre le captage des eaux en amont du Tech pour l'irrigation des terres.

    Un violent orage mit fin aux disputes des uns et des autres.

    Vers 1822, les habitants de Saint-Nazaire refusèrent de loger les soldats et les douaniers. Le maire Durand, armé d'une barre de fer, défendit ses administrés que les douaniers se proposaient d'emmener en prison.

    Ainsi au rythme des étés torrides, se perpétua en Roussillon la guerre du sel.

    Article paru dans « La Semaine du Roussillon »


  • Après la démolition des fortifications, réalisés entre 1904 et 1905, les nouveaux quartiers périphériques prennent quelque extension : la route de Canet, le Vernet, les environs du cimetière Saint-Martin et la route de Rivesaltes.

    La population laborieuse habite toujours la vieille ville alors que les espaces libérés sont occupés par des commerces et deviennent la résidence des milieux aisés.

    Aux quartiers Saint-Jacques résident essentiellement les ouvriers agricoles des jardins du même nom et des vignobles environnants. Car l'activité liée à l'agriculture et la viticulture est importante. En 1927, 195 propriétaires viticulteurs résidant à Perpignan ont déclaré une récolte de 122592 hectolitres. Perpignan est donc la plus importante commune du département au niveau de la production de vin. À eux seuls, les dix premiers récoltants déclarent plus de 32000 hectolitres.

    Depuis 1912, le maire de Perpignan est Joseph Denis. Jean Payra, député, est 1er adjoint. François Batllo, docteur en droit, 2ème adjoint. Le docteur Albert Rives, 3ème adjoint. Michel Salles, horticulteur, 4ème adjoint et Joseph Marcerou est le 5ème adjoint. 24 conseillers complètent la municipalité. Nos représentants à l'Assemblée Nationale sont les députés Jean Payra et Pierre Rameil tandis que siègent au Sénat Jules Pams et Victor Dalbiez, ce dernier étant également le président du Conseil général.

    Le tramway sillonne la ville alors que les rues encombrées de la vieille cité voient circuler quelques voitures mais surtout des attelages hippomobiles à quatre roues, utilisés le plus souvent pour les livraisons de marchandises. On entre dans la ville, au Nord, par le pont Joffre, ce qui ne manque pas de créer de sérieux embouteillages au faubourg Notre-Dame.

    Le tramway est roi à Perpignan en 1928

    La Traversée du Pont Joffre

    Le tramway est roi à Perpignan en 1928

    Le tramway à la Gare SNCF

    Le tramway est roi à Perpignan en 1928

    Avenue de la Gare – Collection Jean Josset

    Le téléphone, un outil encore peu utilisé, est à trois chiffres. Pour joindre un service municipal, il faut se déplacer car seuls les chefs de service s'en réservent l'usage. C'est le règne de la communication verbale !

    Par contre, si vous recherchez un particulier habitant en ville, rien de plus facile : il suffit de consulter le Guide des Pyrénées-Orientales de 1927 qui s'offre le luxe de mentionner le nom, l'adresse et parfois la profession des 15000 chefs de famille. Si l'on fait le rapport entre la population - 69000 habitants - et le nombre de chefs de famille, on s’aperçoit que chaque foyer est composé en moyenne de 5 personnes. À cette époque, plusieurs générations partagent le même toit, Sécurité Sociale et retraite n'existe pas encore et les jeunes prennent soin de leurs anciens qui, bien souvent, travaillent jusqu'à la limite de leurs forces.

    Le tissu commercial de la ville

    En 1927, on dénombre à Perpignan 207 épiceries de détail et 12 grossistes, ce qui nous donne un ratio d'une épicerie pour 340 habitants environ. Ces chiffres sont à peu près équivalent à ceux observés dans les villages, par exemple Rivesaltes où nous trouvons 17 épiceries pour 5214 habitants. Ou encore Estagel : 7 épiceries pour 2414 habitants.

    Les bouchers sont 63, soit 1 pour 1090 habitants tandis qu'on dénombre 53 boulangers (1/1300h) et 33 pâtissiers.

    On dénombre 120 marchands de légumes, presque autant que les débits de vins, cafés-limonadiers qui sont 123.

    L'importance de l'agriculture et la viticulture est matérialisée par la présence de 67 courtiers en produits agricoles, 21 marchands de grains et 22 marchands de bestiaux, uniquement sur Perpignan.

    Chez les artisans, on trouve 62 coiffeurs, 42 menuisiers, 20 charrons-forgerons, 23 couturières et 45 tailleurs pour hommes.

    Peu de commerçants font de la publicité, la «réclame» comme on dit à l'époque. Certains considèrent même qu'il est dégradant de s'afficher, la réputation d'un commerce, selon eux, se construisant par le bouche à oreille véhiculé par les clients satisfaits.

    Nous remarquerons curieusement que les compagnies d'assurances sont gérées par des personnalités qui affichent leurs titres ou décorations. Sécurité oblige !

    Le tramway est roi à Perpignan en 1928

    Article paru dans « La Semaine du Roussillon »