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    Protection du site

    Le Site des Orgues a été classé en 1981 dans le cadre de la loi du 2 mai 1930 relative à la protection « des monuments naturels et des sites à caractère artistique, historique, scientifique légendaire ou pittoresque ». La procédure de classement concerne les patrimoines exceptionnels dont la préservation est d’intérêt général. Le classement a permis d'aménager le site afin de le rendre plus accueillant.

     

    Consignes de sécurité

    Pour votre sécurité et la protection du site, nous vous demandons de respecter les consignes suivantes :

    Le chemin est interdit aux véhicules et les accès doivent rester libres pour toute intervention des secours.

    En cas d’incendie ou d'orage subit, regroupez-vous dans les zones prévues à cet effet. Vous serez pris en charge par le personnel. Suivez attentivement leurs consignes.

    En cas d'accident, informez le personnel situé à l'entrée ou sur le site même.

    Nous vous prions de bien vouloir suivre les sentiers balisés sans franchir les barrières et les cordes de sécurité.

    Par respect pour l’environnement, nous vous remercions de ne pas fumer, ne pas escalader les parois, ne pas pique-niquer, ne pas jeter de déchets par terre, ne pas cueillir des fleurs ou de fruits.

     

    Vous aller vous promener sur un chemin d'environ 800 mètres avant d'accéder au site proprement dit. Tout au long de ce parcours, vous rencontrerez des piquets de bois numérotés correspondants aux haltes reprises dans ce document.

     

    Les Orgues de Ille-sur-Tet

     

    Halte 1 : Localisation

    Vous vous trouvez dans cette partie de la vallée de la Tet que l'on nomme le « Ribéral », traduisez « zone de rivière » ou « né des rivières », ceci en raison de la profusion de sources et de résurgences présentes sur le territoire.

    Cette vallée qui mesure 2 kilomètres de large au niveau d'Ille-sur-Tet est entourée par trois massifs, au sud, à l'ouest et au nord. Elle s'évase donc vers l'est pour s'épandre graduellement dans la plaine du Roussillon.

    Vous apercevez, au sud, les contreforts du massif des « Aspres ». Ces collines aux pentes raides sont essentiellement composées de schistes, une roche imperméable qui explique l'aridité du milieu.

    Au sud-ouest, culmine le Canigou (2784 mètres), le pic de la dent de chien, le dernier grand sommet de la partie orientale des Pyrénées, un véritable symbole pour les catalans.

    Au nord, enfin, le plateau granitique de Montalba, invisible d'ici mais que l'on traverse en se rendant à Bellesta, borde la vallée de la Tet. On retrouve à sa surface des blocs de granit empilés en « chaos ».

    La première halte, face à l'accueil, se situe à la confluence de deux torrents : la Reixte et le Pilo d'en Guil. Ces deux ruisseaux sont souvent à sec, mais ne vous y trompez pas. Ce calme n'est qu'apparent, leur débit lors des orages est torrentiel. Les pluies d'automne sont souvent violentes, parfois catastrophiques, déversant en une seule journée 150 à 200 millimètres d'eau voir des records de 600 à 800 millimètres, l'équivalent d'une année de pluie sur la région parisienne.

    Les Catalans se souviennent d'octobre 1940 et de « l'aiguat » (les grandes eaux, le débordement). En trois jours, il est tombé 1280 millimètres d'eau sur la région. Le débit de la Tet a atteint des records de 3500 3600 mètres-cubes à la seconde soit 700 fois son débit moyen ou un écoulement 10 fois supérieur au débit moyen de la Seine à Paris. Le niveau de l'eau est monté de 6 mètres à Perpignan, plus de 80 bâtiments ont été détruits et on a dénombré une quarantaine de victimes pour le seul département des Pyrénées-Orientales. Si de tels événements sont rares, ils ne sont pas exceptionnels, chaque génération se souvient de son « aiguat ».

     

    Halte 2 : Le ruisseau

    Le ruisseau du Pilo d'en Guil prend sa source sur le plateau de Montalba, il s'écoule ensuite sur 3 kilomètres jusqu'à la, passerelle. Au delà, son cours se confond avec le chemin d'accès, ce qui peut provoquer quelques désagréments lors des crues.

    Lorsque les pluies son abondantes, le Pilo d'en Guil enfle, dévale les pentes ; il creuse, ravine et traîne dans son sillage des débris, des feuilles ou des branches, du sable et des galets. Tout ce qui est à la portée et qui n'est pas solidement arrimé est emporté. Imaginez qu'il s'écoule ici jusqu'à 5 mètres-cubes par seconde, c'est le débit moyen de la Tet !

    On a du mal à admettre qu'autant d'eau puisse circuler dans un lieu habituellement aussi sec. Et pourtant ! … Ce chemin est un peu comme le goulet d'étranglement d'un entonnoir. Le bassin versant qui alimente le ruisseau récupère l'eau de pluie et la concentre à cet endroit.

    Si cette eau ne s'est pas infiltrée dans les sols, si elle n'a pas été retenue par la végétation, si elle ne s'est pas étalée en inondant les parcelles en amont, elle forme alors un flot dévastateur.

    Érosion, transport, sédimentation

    En observant le versant le plus raide, on distingue des strates de galets, de graviers, de sables et d'argiles qui s'empilent en couches superposées, déposées par les ancêtres du Pilo d'en Guil. Cet ordonnancement n'est pas le fruit du hasard : il est lie aux variations de débit des rivières du passé, selon une loi intemporelle. Lorsque les rivières sont trop alimentes par les versants, leur débit est insuffisant pour assurer le transport, elles se délestent alors de leur charge la plus lourde : les galets. Les sables et les argiles sont déposés en fin de crue ou lorsque la rivière déborde.

    Cette accumulation de matière sédimentaire résiste mal à l'érosion linéaire : on remarque d'ailleurs des entailles de ruissellement sur le versant qui n'est las végétalisé. C'est dire que les plantes fixent et protègent le sol.

     

    Halte 3 : Végétation et faune

    La faune et la flore du site sont typiquement méditerranéennes avec une variété et une richesse des espèces surprenantes eu égard à la rigueur du milieu.

    Une galerie d'arbres en bordure du ruisseau forme la ripisylve : cette « forêt de rivière » ne pousse que dans les zones humides ; les végétaux qui la composent ne asphyxient pas lorsque les sols sont saturés d'eau, leurs racines ne pourrissent pas mais fixent les berges et favorisent le dépôt des limons. On retrouve l'aulne glutineux avec ses fruits en forme de petites pommes de pin, le robinier (faux acacia) et le lierre. Grenouilles vertes et rainette méridionale s'y plaisent.

    Sur les versants, occupant des espaces délaissés par l'homme, une lande arbustive s'est installée. On la qualifiera de « maquis » plutôt que de garrigue car le sol est siliceux et non calcaire. S'y trouvent, entre autres, le chêne vert, le chêne blanc, les cistes de Montpellier, les cistes à feuilles de lauriers, la bruyère arborescente, la lavande stoechas, le thym... C'est une zone de nidification, un garde-manger pour la faune locale telle la fauvette à tête noire.

    Sur les sommets, subsistent des lambeaux de forêt méditerranéenne implantée sur sol acide, on reconnaît les pins parasols. Leurs racines sont à moitié dans le sol, à moitié dans le vide. Le crêtes sont rongées par l'érosion si bien que certains de ces pins n'ont plus assez d'espace pour se développer et deviennent des sortes de bonzaïs naturels.

     

    Halte 4 : Terres et hommes, la pauvreté initiale

    Autrefois, au XIXème siècle, des familles d'immigrés ont entrepris de mettre en culture cet endroit qu'ils baptisèrent « el vall del infern » (la vallée de l'enfer) tant le labeur était rude. Ils parlaient également de « la rive écorchée » en faisant référence aux ravins qui balafrent le paysage. Les géographes connaissent ces terrains et les qualifient de « bad-lands » ou mauvaises terres.

    Seuls quatre types de végétaux s’accommodèrent de ces conditions difficiles. Ce sont les cultures sèches traditionnelles du bassin méditerranéen : la vigne, l'olivier, le figuier et l'amandier. Quel contraste avec le reste de la vallée de la Tet, bien irriguée, fertile et couverte de pêchers qui ont fait sa réputation !

    Il faudra attendre les années 1960 pour qu'un programme d'aménagement achemine l'eau jusqu'ici. A partir de ce jour, le visage agricole des Orgues change complètement. Des vergers de pêchers remplacent les cultures sèches. Ils produisent des pêches de vigne, petites et fruitées, légèrement plus précoces que celles de la vallée mieux exposées. Ces pêches sont d'un rouge vif étonnant grâce à la réflexion du soleil (albédo) sur le sable.

    Au début des années 1970, la crise agricole frappe de plein fouet les Illois. Le nombre de producteurs diminue, les friches se multiplient. Parallèlement, l'idée d'un patrimoine naturel à protéger s'est développée. La nature est désormais perçue comme un espace de beauté fragile, à préserver contre les assauts de l'urbanisation et à partager avec les visiteurs.

     

    Halte 5 : Un décor minéral sculpté par les eaux

    Le site des orgues s'ouvre tel un amphithéâtre aux parois sculptées de gigantesques colonnes, hautes de 10 à 12 mètres. Ce paysage aride, très beau et très fragile, est une œuvre éphémère. D'apparence figé, il est en réalité sans cesse remanié. De grandes quantité de sable sont emportées à chaque pluie. Les formes anciennes s’effacent, de nouvelles sont esquissées. Bref, l'érosion est maîtresse des lieu. Et nulle part dans le voisinage où l'on retrouve des dépôts similaires (entre le col de Ternère et Millas) le travail d'érosion n'est aussi spectaculaire qu'ici.

    Le cirque dans lequel vous cheminez était autrefois une colline : reliez mentalement les chapeaux des cheminées les uns aux autres, vous vous rendrez compte de la quantité de matière déblayée par le ruissellement.

    Ces colonnes de roche sableuse qui vous entourent sont des cheminées de fées, nommées aussi « demoiselles coiffées » en raison de la couche dure qui les chapeaute et les protège un peu, un temps au moins, d'une érosion rapide.

    Formation des cheminées de fées

    Là où la végétation est clairsemée et le chapeau moins protecteur, les premières ravines ont pu s'inscrire. Sitôt la couche tendre atteinte, l'incision est rapide. Par suite, l'érosion travaille de manière différentielle, le creusement est plus intense sur les parties tendres, donc sur la colonne dont le diamètre diminue. Le chapeau perd progressivement ses assises. Il finira par s'effondrer, d'un bloc ou en morceaux selon sa morphologie.

    Dans le dédale du site, on peut voir et comprendre le rôle protecteur de la « coiffe » : là où elle a disparu, les colonnes s'affaissent.

    Les cheminées de fées évoluent beaucoup plus lentement que les flancs ravinés du site en raison de leur verticalité : en effet, une goutte d'eau qui glisse sur le flanc d'une cheminée est emportée par son propre poids. Elle se contente de déchausser un grain de sable ou d’entraîner une paillette d'argile. La répétition de ce processus cisèle les fameux « tuyaux d'orgues ».

    Sur les pentes les moins raides, les incisions en « tuyaux d'orgues » apparaissent avec plus de vigueur que sur les colonnes. L'eau se concentre et ruisselle par ces gouttières qui préfigurent de futurs ravins.

    A noter que l'appellation « Site des Orgues » est locale et peut prêtre à confusion. En effet, le terme d'orgues est en géologie préférentiellement utilisé pour des coulées de basalte ayant solidifié en long tuyaux. Ici, rien de volcanique à l'origine de ce paysage.

    A noter aussi : Les alternances de chaleur et d'humidité jouent sur les argiles qui gonflent et se contractent comme le ferait une éponge. Elles finissent par imprimer des lézardes que vous apercevez à certains endroits des parois.

    La couleur blanche correspond aux argiles, les teintes ocre sont liées à l'oxydation du fer, les taches brunes ou grises qui semblent salir les falaises sont en fait des lichens et des mousses attendant les prochaines pluies pour reverdir.

     

    Halte 6 : La longue histoire des paysages

    Au-delà de ce façonnement actuel par les eaux courantes, le site révèle une plus longue histoire qui s'inscrit dans celle du magnifique tableau qui s'étend devant vous. Les étapes majeures sont au nombre de 5 :

    - La formation de la chaîne pyrénéenne date d'il y a environ 45 millions d'années. Le plissement s'étend alors jusqu'au Languedoc et en Provence

    - Puis vers moins 30 millions d'année, la partie orientale de la chaîne se disloque et s'effondre. Notre Méditerranée actuelle apparaît pour la première fois.

    - Mais entre moins 5,8 millions et moins 5,3 millions d'années, elle va presque totalement s'assécher, en raison d'une fermeture du détroit de Gibraltar liée à un mouvement des plaques. Privée de l'entrée des eaux atlantiques, son niveau chute de plus de 1500 mètres, de profondes vallées se creusent !

    - La mobilité des plaques étant sans fin, cet épisode ne sera que de courte durée. Le retour à la normale au Pliocène provoque une invasion marine à l'intérieur des terre jusqu’au col de Ternère. C'est sur les bordures de ce bras de mer que se déposent les sables su site des Orgues. Les processus d'érosion, toujours à l'œuvre, sous un climat tropical chaud de la fin du tertiaire (moins 5 et moins 3 millions d'années), ont déblayé le plateau de Montalba granitique de son épais manteau d'altération. Rivières et ruisseaux s'y chargeaient de sables qu'ils déposaient ici à leur débouchés dans la vallée, à proximité du rivage. Le golfe se comble ainsi peu à peu.

    Imaginez...

    Le paysage ressemble à la savane africaine : des étendues de hautes herbes, jaunies par le soleil et battues par le vent s'étalent jusqu'aux collines arborées, de l'autre côté de la vallée. La faune est similaire à celle que l'on retrouve actuellement en Afrique (singes, rongeurs, éléphants, hippopotames...) mais compte aussi quelques espèces qui ont disparu de nos jours telle l'hipparion (petit cheval). C'est une époque charnière dans l'évolution du climat de la terre car le climat chaud devient plus sec, c'est l'apparition du climat méditerranéen et ceci préfigure le refroidissement quaternaire.

    - Le site doit aux premiers froids quaternaires (à partir de moins 1,8 millions d'années) sa coiffe de blocailles qui couvre les colonnes. Le froid favorise l'éclatement de la roche par le gel. Au pied des sommets englacés, les paysages sont alors couverts de toundra et de steppes arides balayées par des vents violents. Seuls les zones abritées accueillent des forêts de conifères, de bouleaux et de genévriers.

    La faune ressemble à celle de l'Europe du Nord : rennes, chevaux sauvages, bisons, antilopes saïga, ours, loups lynx, loutres, renards arctiques, hermines... Avec cependant quelques originalités : l'auroch, le rhinocéros laineux et le mammouth pour les herbivores mais aussi le lion des cavernes, l'ours des cavernes et la hyène des cavernes côté carnivores.

    Aujourd'hui, avec les conditions climatiques qui rappellent les phases interglaciaires, ce paysage entame la dernière phase de sa vie, une phase d'érosion, tout ce sable qui était en transit vers la mer et qui est demeuré prisonnier là depuis 5 millions d'année partira au rythme des orages.

     

    Halte 7 : Point de vue

    Le paysage que vous avez sous les yeux est un héritage qui a traversé le temps pour parvenir jusqu'à nous.

    L'histoire semble banale, cependant, le hasard des mécanismes naturels a voulu que naisse un paysage exceptionnel.

    Avant de quitter le site, nous vous invitons à découvrir le seul labyrinthe où vous ne risquez pas de vous perdre et si, dans l'enchevêtrement minéral de ces sculptures naturels, vous vous sentez l'âme voyageuse, d'autres lieux vous attendent, comparables mais ayant chacun son originalité : le site de Pontis, sur les rives du lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), la Cappadoce en Turquie et, plus loin encore, Brice Canyon aux Etats-Unis.

    Document distribué aux Orgues


  • Visite de la forteresse de Salses

     

    Visite libre

    Visite de la forteresse de Salses

    Après avoir traversé un premier ouvrage de défense avancée et franchi à deux reprises le fossé, le visiteur pénètre dans la demi-lune sud (1), tour à bec au plan en fer à cheval, dont la grande salle dotée d'une cheminée monumentale a été transformée en espace d'accueil du monument.

    Un pont le sépare encore de la porte (2), flanquée de deux tourelles cylindriques pleines qui encadrent un bas-relief dont la sculpture très érodée pourrait représenter les armoiries d'Espagne. L'ambiance générale de la place est tout de suite donnée par la complexité du système de défense de ces accès : succession de lourdes portes, entrée coudée fermée par un mur avec fenêtre de surveillance, nombreuses meurtrières...

    Une fois passé ce dédale, on atteint une vaste cour carrée (3), au centre de laquelle se trouve un puits ; elle est bordée sur trois côté d'un portique à arcades qui donne accès à la chapelle voûtée (4), et aux écuries (5) surmontées de trois niveaux de casernement de la troupe présente autrefois. On évalue les forces de garnison présentes dans la forteresse à 1500 hommes et une centaine de chevaux.

    Le réduit (6) est séparé de la cour centrale par un fossé intérieur et par un rempart resté inachevé. Dans l'aile est, des salles d'exposition permanente (7) et un audiovisuel sont proposés au visiteur.

     

    Visite guidée

    Visite de la forteresse de Salses

    La visite guidée débute par le cavalier d'artillerie (plateforme surélevée enjambant une terrasse, jouant le double rôle de poste de surveillance et de défense) méridional (8), d'où l'on peut admirer un magnifique point de vue sur les étangs et la mer Méditerranée à l'est, les Corbières à l'ouest et au sud les Pyrénées.

    En empruntant le réseau de communications internes, on rejoint la tour d'angle sud-ouest (9) traversée sur toute sa hauteur par un orifice central servant à la fois de monte-charge, de porte-voix et d'évent ; au fond, un puits à eau alimenté naturellement par les sources sur lesquelles est implanté la forteresse, permet d'absorber les gaz des poudres et la fumée provoqués par les tirs des canons.

    On accède au donjon, qui occupe le centre de l'aile ouest, par une cour (10) totalement invisible de l'extérieur comme de l'intérieur de la place. Les courtines sont ainsi fractionnées en deux lignes de défense successives et le donjon fonctionne comme un ultime refuge, isolé de tout par un habile système de pont-levis et assurant sa propre défense par de multiples chambres de tir disposées sous tous les angles.

    Le donjon (11) se présente extérieurement sous la forme d'un rectangle plat côté cour, semi-circulaire côté campagne. Il comporte sept niveaux, la terrasse supérieure culminant à 20 mètres de haut ayant été à l'origine occupée par une tourelle de guet visible sur les dessins anciens mais aujourd'hui détruite.

    Les trois étages principaux sont équipés de manière à ce que ce poste de commandement de la forteresse soit aussi à usage d'habitation pour le gouverneur : cheminées, éviers, latrines reliées à un tout-à-l'égout, poste de puisage, alcôve, placards, fenêtres à bancs latéraux. Ce confort ne nuit ce pendant pas aux nécessités de l’efficacité militaire puisque les mêmes pièces sont équipées de nombreuses embrasures de tir et que chaque niveau donne accès à un important dispositif de communications internes facilitant le commandement.

    On quitte le donjon par une courette donnant accès au réduit (6) qui regroupe l'ensemble des organes vitaux de la forteresse organisés là encore autour d'une cour.

    Sur le front ouest se trouvent des magasins à poudre, une prison, les magasins aux vivres et aux farines, la boulangerie ; à l'angle nord-ouest, une pièce équipée de bassins d'eau et, au sol, de plusieurs canaux munis de glissières pour permettre le captage des sources et la distribution des eaux.

    Sur le front intérieur qui barre la cour centrale face à l'est, une vaste écurie et la cuisine ou laiterie (12), équipée d'une cheminée monumentale, d'éviers en pierre, mais aussi d'une embrasure de tir au cas où l'ennemi aurait réussi à se rendre maître de la partie commune de la place.

    Document distribué au château de Salses


  • Forteresse de Salses

     

    Un verrou entre l'Espagne et la France

    En 1496, l'armée française met à sac et incendie le village et le château de Salses qui limitent au nord le territoire espagnol.

    Pour barrer plus efficacement l'accès du Roussillon à la France, le roi Ferdinand le Catholique décide alors la reconstruction de Salses pour en faire à la fois un fort d'arrêt défensif et une base d'opérations offensives.

    En 1503 les Espagnols résistent à un premier siège alors que la forteresse n'est pas achevée.

    En 1544 la paix signée entre Charles Quint et François Ier amène un siècle de tranquillité et la forteresse perd peu à peu la supériorité militaire que son architecture novatrice lui donnait à l'origine.

    Au cours de la guerre de Trente ans, Salses est assiégée trois fois en trois ans avant d'être définitivement conquise par les Français en 1642.

    Le traité des Pyrénées, en 1659, entérine l'appartenance du Roussillon à la France.

    La frontière est alors reportée sur la crête des Pyrénées : la forteresse pers toute importance stratégique et ne doit sa survie qu'au coût prohibitif de sa destruction.

    Partiellement restaurée par Vauban, devenue poste de surveillance puis prison d'État, elle est utilisée comme poudrière pendant tout le XIXème siècle avant d'être classée monument historique en 1886

     

    Un chef-d'œuvre d'architecture militaire

    La forteresse occupe un emplacement stratégique sur la voie principale reliant la France à l'Espagne sur une étroite bande de terre entre les massifs des Corbières et l'étang de Leucate.

    Construite en un minimum de temps entre 1497 et 1504, elle possède une architecture d'une grande majesté. La forteresse de Salses est un véritable spécimen de transition entre le château médiéval - dont elle conserve le donjon et les tours d'angle encadrant de longues courtines – et le fort moderne, géométrique et enfoncé dans le sol.

    Ses principaux caractères novateurs sont dus à la nécessité de s'adapter au développement de l'artillerie à boulet métallique. Les murailles ont de 6 à 10 mètres d'épaisseur et sont enterrées jusqu'à mi-hauteur dans un vaste fossé inondable.

    En élévation, l'ouvrage comprend de trois à sept niveaux desservis par un labyrinthe de communications internes.

    Précédée de postes de défense avancée sous forme de trois tours à bec reliées au corps central par des caponnières (galerie voûtée reliant les ouvrages de défense avancée au corps de place), la place se présente sous une forme d'un vaste rectangle apparemment constitué d'un seul bloc particulièrement trapu. Le dispositif de défense, en réalité beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, est fractionné en trois parties autonomes disposées d'est en ouest : la partie commune organisée autour d'une cour carrée, le réduit regroupant tous les organes vitaux de la forteresse, le donjon commandant l'ensemble et abritant le logis du gouverneur.

     

    L'évolution de l'artillerie

    L'évolution des techniques de la guerre à la fin di Moyen Age permet de comprendre l'architecture de Salses.

    L'artillerie naît au XIVème siècle mais les énormes boulets de pierre, tirés à faible distance, se brisent sur les remparts des châteaux forts sans véritablement les mettre à mal. A partir du milieu du XVème siècle, le boulet métallique qui ne se brise plus parvient à disloquer les hautes courtines médiévales. Le boulet de fer de plus petite dimension est tiré par des canons de taille réduite, plusfaciles à déplacer et plus précis. C'est une véritable révolution dans l'art de l'attaque.

    La reconstruction de la forteresse en 1497 relève le défi en enterrant les murailles dans le sol et en les épaississant. Cela est efficace contre les projectiles ennemis mais réduit considérablement le champ de tir des meurtrières. Par compensation, leur nombre est multiplié : 400 meurtrières dirigées (bien sûr) contre l'extérieur mais aussi en grand nombre à l'intérieur afin de flanquer chaque couloir, porte, escalier, etc. De nombreuses chambres de tirs à canon sont en outre aménagées sur des plates-formes des tours et des cavaleirs ainsi que dans les tours d'angle.

    Enfin, face au perfectionnement des techniques de mines et à l'apparitiondes charges de poudre, des galeries à contre-mine sont creusées sous les fossés.

    Malgré cela, les tours à plan circulaire présentent un caractère archaïque avec des angles morts facile à miner ; cet inconvénient ne disparaîtra qu'avec la mise au point, au milieu du XVIème siècle, du front bastionné (tracé architectural particulier dont toutes les parties se flanquent réciproquement afin d'éliminer les angles morts).

    Document distribué au château de Salses


  • C'est en 1867 que les Catalans envoyèrent aux Félibres Provençaux une coupe d'argent en témoignage de gratitude pour l'accueil fait au Poète Catalan Victor Balaguer né à Barcelone en 1824, décédé à Madrid en 1901, promoteur de la renaissance de la littérature Catalane en France, expatrié pour causes politiques et aussi pour marquer l'amitié toujours vive entre les deux provinces.

    La coupe, de forme antique est une conque supportée par un panier contre lequel s'appuient deux statuettes. L'une représente la Catalogne, l'autre la Provence. Elle fut faite grâce à une souscription de 1800 signatures et par un orfèvre qui ne voulut pas être payé lorsqu'il apprit le but patriotique de l'objet.

    Au pied de chaque figurine, il y a les armoiries qui la désignent. On peut lire autour de la conque : Présent offert par les patriotes Catalans aux Félibres Provençaux pour l'hospitalité donnée au Poète Catalan Victor Balaguer en 1867.

     

    Et sur le socle, sont finement gravés les vers :

    « On la dit morte, mais moi je la crois vivante » Victor Balaguer

    « Ah ! si on savait me comprendre ! Ah ! si on voulait me suivre ! » Frédéric Mistral

     

     

    Frédéric Mistral, se rendait souvent à Béziers (Hérault), dont il devint citoyen d'honneur.

    A la fin du banquet qui suivit la remise de la coupe, en Avignon, Mistral lança un hymne, dont il avait aussi écrit la musique, pour remercier. Celui-ci est devenu « Le chant national du Pays d'Oc », « L'Hymne de la Provence » toujours chanté dans les cérémonies félibrennes, repris à Béziers par un ensemble de plusieurs chorales lors du dernier Téléthon.

    Hymne en langage Provençal qui sera suivi par sa traduction pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue.

     

    Refrain repris entre chaque couplet.

     

    Coup Santo

    E versanto

    Vuejo à plen bord,

    Vuejo abord

    Lis estrambord

    E l'enavans di fort.

     

    Prouvençau, veici la coupo

    Que nous vèn di Catalan :

    A-de-rèng beguen en troupo

    Lou vin pur de noste plant.

     

    D'un vieil pople fièr e libre

    Sian bessai la finicioun ;

    E, se toumbon li felibre

    Toumbara nosto nacioun.

     

    D'uno raço que regrelo

    Sian bessai li proumié gréu :

    Sian bessai de la patrio

    li cepoun emai li priéu

     

    Vuejo-nous lis esperanço

    E li raive dóu jouvènt

    Dóu passat la remembranço

    E la le dins l'an que vèn

     

    Vuejo-nous la couneissènço

    dóu Veral emal dóu Bèu

    E lis àuti jouïssenço

    Que se trufon dóu toumbèu !

     

    Vuejo-nous la pouësio

    Pèr canta tout ço que viéu,

    Car es elo l'ambrousio

    Que tremudo l'ome en dièu !

     

    Les hommes se décoiffent et le dernier couplet se chante debout.

     

    Pèr la glòri dóu terraire

    Vautre enfin que sias counsènt,

    Catalan, de lluen, o fraire,

    Coumunien tóutis ensèn.!

     

    Traduction :

     

    Coupe sainte et débordante

    Verse à plein bords, verse à flots

    Les enthousiasmes et n'énergie des forts.

     

    Provençaux voici la coupe

    qui nous vient des Catalans

    Tour à tour buvons ensemble

    Le vin pur de notre cru

     

    D'un ancien peuple fier et libre

    nous sommes peut-être à la fin

    et si les Félibres tombent

    tombera notre Nation.

     

    D'une race qui re-germe

    peut-être sommes-nous les premiers jets

    de la patrie, peut-être, nous sommes

    les piliers et les chefs

     

    Verse-nous les espérances

    et les rêves de la jeunesse

    Le souvenir du passé et la foi dans l'an qui vient.

     

    Verse-nous la connaissance

    du vrai comme du beau

    et les hautes jouissances

    qui se rient de la tombe !

     

    Versez-nous la poésie

    pour chanter tout ce qui vit

    car c'est elle l'ambroisie

    Qui transforme l'homme en dieu !

     

    Les hommes se décoiffent et le dernier couplet se chante debout.

     

    Pour la gloire du pays

    vous enfin nos complices

    Catalans de loin ô frères

    tous ensemble communions

     

    Pas d'applaudissement à la fin de la part du public.

    Joan ADAÏS


  • Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées s'apprêtent à écrire une nouvelle page de leur histoire commune

     

    Entre la Garonne et le Rhône se déploie un large espace, bordé au nord par les contreforts du Massif Central, au sud par les Pyrénées et la Méditerranée. En 27 siècles d'histoire, cet espace sud européen, fait de multiples et subtiles complémentarités, a vu se côtoyer et s'entremêler des peuples aux cultures et spiritualités différentes. Les région Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées ont de tout temps tissé des liens et multiplié les échanges. La preuve par l'Histoire...

     

    Antiquité

    L'histoire commence au VIIème siècle avant Jésus-Christ avec l'arrivée des Ibères, peuple originaire de la péninsule ibérique. Après avoir franchi les Pyrénées ils s'installent entre l'Adour et l'Orb et fondent plusieurs villes dont Auch, Lombez ou Elne. Au Vème siècle avant Jésus-Christ, ils sont supplantés par l'arrivée d'une peuplade celtique, les Volques, qui s'établissent également entre la Garonne et le Rhône.

    Le premier « âge d'or » du territoire qui sera demain notre grande région débute au IIème siècle avant Jésus-Christ avec la création par Rome d'une première province hors de la péninsule italique. Sa capitale Narbo-Martius (Narbonne) lui donne son nom de Narbonnaise. Elle s'étendra de l'ouest de Toulouse jusqu'aux rives du lac Léman. Premier rempart de Rome contre les redoutés peuple gaulois, la Narbonnaise assure à l'empire une route sûre entre les péninsules ibérique et italique. Les légions romaines de César s'en servent de base arrière pour conquérir l'ensemble de la Gaule. Cette période gallo-romaine voit le développement de Narbonne, mais aussi de Nemausus (Nîmes) et Tolosa (Toulouse).

     

    Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées

     La Via Domitia relie les péninsules italique et ibérique

     

    Moyen-Âge

    La période des invasions dites barbares qui précipitera la chute de l’empire romain d'Occident amène Rome à nouer des alliances avec certains de ses ennemis. Ainsi les Wisigoths, originaires des rives de la mer baltique, qui pillent Rome en 410, se voient attribuer en 418 des terres au sud-ouest de la Gaule. Les Wisigoths édifient ainsi autour de Toulouse, leur capitale, le premier des royaumes dits barbares qui, à son apogée au VIème siècle, s'étendra de la Loire au Guadalquivir (Andalousie) avec Tolède comme capitale. Lors de la bataille de Vouillé (Vienne) en 507, les Francs menés par Clovis battent les Wisigoths qui se replient au-delà des Pyrénées et ne conservent plus de ce côté des Pyrénées que le territoire correspondant au Languedoc-Roussillon actuel. Appelé Septimanie en référence aux sept cités qui le composent (Elne, Narbonne, Carcassonne, Béziers, Agde, Maguelone et Nîmes) ou Gothie, ce territoire restera aux mains des Wisigoths jusqu'à la conquête sarrazine.

    Au début du VIIIème siècle, les troupes arabo-berbères franchissent le détroit de Gibraltar et entament leur conquête de la péninsule ibérique puis du territoire actuel de la France. Elles s'emparent de Narbonne, mais échouent à Toulouse. La bataille de Toulouse en 721 signe l'arrêt définitif de l'expansion territorial musulmane au nord des Pyrénées. Onze ans avant leur dernière tentative d'incursion repoussée par Charles Martel à Poitiers en 732. Narbonne dépend néanmoins quelque temps du califat de Cordoue.

    A la fin du VIIIème, un certain Guilhem, petit-fils de Charles Martel et cousin germain de Charlemagne, reconquiert les territoires musulmans du Rhône jusqu'à Barcelone. Nommé premier comte de Toulouse, il se retire bientôt dans l'abbaye de Gellone qu'il a fondé, aujourd'hui Saint-Guilhem-du-Désert. La légende s'empare de lui sous le nom de Guillaume d'Orange.

    Sous l'impulsion de Raymond IV de Saint-Gilles, le Comté de Toulouse retrouve la configuration de la Narbonnaise, entre Garonne et Rhône. La Croisade contre les Albigeois, dirigée d'abord contre l'hérésie cathare, puis contre le Comte de Toulouse qui l'a soutenue, aboutira finalement à l'annexion des terres de Toulouse au royaume de France à la fin du XIIIème siècle.

     

    Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées

    Le château de Montségur ( Ariège) Haut-lieu de la résistance cathare

     

    Époque moderne/Révolution

    Paradoxalement, c'est le rattachement à la couronne de l'ancien comté de Toulouse qui donne au Languedoc une vraie quoique relative autonomie. Les nouveaux États du Languedoc qui ont la responsabilité de lever l'impôt, siègent à Toulouse et à Montpellier où ils se fixent en 1736. Leur domaine s'inscrit désormais, du XVème au XVIIIème siècle, dans le ressort plus étendu du Parlement de Toulouse, le deuxième du royaume à pouvoir rendre la justice au nom du roi.

     

    Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées

    Le canal du Midi creusé à la fin du XVIIème siècle relie Sète et Toulouse

     

    Le creusement du canal du Midi imaginé par Pierre-Paul Riquet, et mené en à peine 15 ans, confirme la complémentarité du haut et du Bas Languedoc. À la Révolution, la volonté d'effacer tout souvenir des anciennes provinces aboutit au découpage départemental. Au milieu du XIXème siècle, la redécouverte de la lyrique des Troubadours dans toute l'Europe soulève un ample mouvement littéraire autour de Frédéric Mistral. Bientôt, à Montpellier, Toulouse et Montauban, des intellectuels et des écrivains, au contact des catalans, font basculer la langue d'oc dans la modernité.

     

    Époque contemporaine

    Les régions sont créées en 1972 mais il faut attendre 1982 pour qu'elles deviennent des collectivités de plein exercice et 1986 pour les premières élections des conseillers régionaux aux suffrage universel direct. Après une trentaine d'années d'existence, les Régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées s'apprêtent à s'unir à nouveau.

     

    Un patrimoine linguistique et culturel : Le catalan et l'occitan

    L'occitan s'est constitué avant la fin du premier millénaire sur une base latine dont il demeurera plus proche que le français du nord de la Loire, plus influencé par le francisque, langue germanique des Francs. L'âge d'or de l'occitan se situe entre le XIème et le XIIIème siècle, à l'époque où les troubadours rayonnent sur l'Europe entière. Progressivement, le pouvoir royal puis républicain, impose le français comme seule et unique langue officielle. Il faudra attendre le milieu du XIXème siècle pour que l'occitan revienne sur le devant de la scène littéraire, d'abord. Aujourd'hui, l'occitan bénéficie d'un statut de co-officialité dans le Val d'Aran, mais aussi sur tout le territoire de la Catalogne et plus récemment dans le cadre de l'Eurorégion.

    Le catalan s'est formé vers le IXème siècle, lui aussi à partir du latin vulgaire. Il a connu une phase d'expansion en Méditerranée du XIIIème eu XVIème siècle avant que les Espagnols, en accédant au trône de la couronne catalane, ne le remplace par le castillan. Sa renaissance, notamment littéraire, date du milieu du XIXème siècle. Interdit sous Franco, le catalan et ses variantes est aujourd'hui parlé principalement en Espagne (Aragon, Catalogne, Îles Baléares, Pays valencien, une partie de l'Aragon), en France (Pyrénées-Orientales) mais aussi dans la ville d'Alghero en Sardaigne et dans la principauté d'Andorre.

    Article paru dans « L'accent du Sud »