Augustin-Joseph de Mailly
Augustin-Joseph de Mailly (5 avril 1708 à Villaines-sous-Lucé (Sarthe) – 25 mars 1794 à Arras (Pas-de-Calais), marquis d'Harcourt et baron de Saint-Amand, est un officier général français qui atteint le grade de maréchal de France (1783). Il est chargé de la défense du palais des Tuileries lors de la journée du 10 août 1792.
Augustin-Joseph de Mailly est l’héritier de l'une des plus anciennes familles de la noblesse du royaume, la Maison de Mailly. Il est le fils de Joseph de Mailly (1677-1755), marquis d'Harcourt, seigneur d'Assigny, de Guillencourt, de Brunvil, de Bivil, de Villedieu, de Cany, de Saint-Michel-d'Halescourt et Grumesnil, baron de Saint-Amand. Dans sa jeunesse, il a été page de la Petite-Écurie du roi (1691). Sa mère, Louise-Madeleine-Josèphe de La Rivière, est dame de La Roche-de-Vaux-Corbuon et du Bois-de-Macquessy, de Requeil, de Flacé et d'Estival.
Mailly est d’abord un militaire. Il est mousquetaire en 1726, enseigne dans le Régimentde Mailly-Infanterie en 1726 , il est guidon de la compagnie des gendarmes de la Reine. Le 18 mars 1728, il devient capitaine des gendarmes écossais. Le capitaine de Mailly fait les campagnes de Westphalie, de Bohême et de Flandre. Il est lieutenant-colonel de la compagnie des gendarmes de la Reine en mars 1733, puis Sous-Lieutenant de la compagnie des chevau-légers de Berri, avec rang de Mestre de camp de la cavalerie en mars 1734.
Ses exploits lui valent en 1740 la croix de Saint-Louis, à l’âge de 32 ans, ce qui est exceptionnel. En janvier 1742, Augustin-Joseph de Mailly est nommé capitaine-lieutenant de la compagnie des gendarmes écossais, sur la démission du comte de Rubempré, puis il a le grade de brigadier des armées du roi, en février.
Après la campagne de Bohême à Weissembourg, en 1744, il charge, à la tête de 150 gendarmes, un corps de cavalerie et d'infanterie qui avait culbuté deux régiments français, et le force à la retraite. Une pension de 3000 livres lui est accordée pour cette action brillante.
Il est fait maréchal de camp, le 16 août 1745, en Flandre, sans avoir d'expérience du commandement de grandes unités. Il participe à la guerre de Succession d'Autriche aux côtés du chevalier de Belle-Isle et concourt à préserver la Provence de l'invasion étrangère. Il continue de se signaler, surtout à la bataille de Pavie (1745) où, séparé de l'armée française, il la rejoint en perçant un corps considérable de cavalerie ennemi auquel il enlève 4 canons et 150 prisonniers.
Il passe ensuite en Italie, où, après la bataille de Plaisance (1746) et le combat du Tidon, il est chargé de l'inspection de la cavalerie. Le roi lui donne le gouvernement d'Abeville, le crée lieutenant-général de ses armées, en mai 1748. Il est inspecteur général de la cavalerie et des dragons en mars 1749.
Mailly devient commandant en chef en Roussillon en 1749. Mailly commence, après la paix avec l'Espagne, à négocier les rectifications de frontières. Il conclut avec l'Espagne, en 1750, un traité particulier qui fixe les limites des deux royaumes. Rénovateur de l’urbanisme de la ville, il fonde le premier théâtre du Roussillon dans les locaux de la Loge. Une académie militaire, à l’initiative du futur maréchal de Mailly, agissant pour le roi, est créé pour former de jeunes nobles au service du roi le 15 juin 1751.
En bon franc-maçon du XVIIIème siècle, vecteur de la pensée des Lumières, il rénove l'université, entre 1760 et 1763, et fait bâtir de nouveaux bâtiments à Perpignan pour pallier la ruine de l'ancienne.
Louis XVI, véritable restaurateur de la marine de guerre et commerciale française, confie au général de Mailly l'installation d'un port puissant et fortifié qui, soit capable d’assurer enfin un trafic régulier avec l'Europe entière, de l'Espagne à la Suède, d'Écosse à l'Italie, de la côte catalane à l'Orient et aux ports barbaresques, voire jusqu'aux Indes lointaines et jusqu'aux Amériques.
Mailly fonde Port-Vendres qu’il veut comme Perpignan la représentation idéale d’une ville maçonnique. Il y fait construire un port profond et à l'abri des vents. Outre le port moderne, en 15 années (1770-1785), il complète la ville, trace et perce quelques petites rues, construit de nouvelles habitations sur un plan uniforme, rectifie des alignements, construit des quais et des débarcadères commodes. Pour marquer d'un symbole la naissance de Port-Vendres, Louis XVI permet à la province de faire ériger à sa gloire le premier monument élevé en France en son honneur, l'obélisque de Port-Vendres.
Le 2 octobre 1753, le maréchal de Noailles, en querelle avec Mailly, réussit à le faire révoquer de son commandement.
En novembre 1753, Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville, obtient du roi l'exil de Mailly. Le 1er mars 1754 le roi casse le comte de Mailly d'Haucourt pour avoir trop répandu son mémoire que René Louis de Voyer de Paulmy d'Argenson juge apologique. Mailly doit rentrer dans ses terres. Sa maîtresse, la marquise de Blanes et son mari, se répandaient en discours contre le gouvernement. Ils sont proscrits eux-aussi.
La disgrâce de Mailly dure peu, car il est chargé d'aller en Espagne complimenter, de la part du roi, l'Infante Marie-Thérèse-Raphaëlle de Bourbon.
Pendant la guerre de Sept Ans, Joseph-Augustin de Mailly passe aux armées d'Allemagne. Il se trouve à la bataille de Hastenbeck (27 juillet 1757) et est blessé à la tête d'un coup de sabre. Il est fait prisonnier, par suite de sa blessure qui l'a laissé sans connaissance à la bataille de Rossbach la même année.
Frédéric de Prusse, le despote éclairé, dont le comte de Mailly est le prisonnier de guerre, est son ami. Il n’est libéré qu’au bout de deux ans. Pour le remercier de ses services, ses terres de Rainerai, Esclainvilliers, Mongival, Sotteville, etc. sont unies et érigées en comté de Mailly, par lettres-patentes données au mois de janvier 1744.
Quand Mailly recouvre sa liberté, il rejoint encore l'armée et fait avec succès les campagnes d'Allemagne de 1760, 1761, 1762. La paix revient et met un terme à ses travaux militaires. Il reprend son commandement du Roussillon. En 1771, il est nommé directeur-général des camps et armées des Pyrénées et des côtes de la Méditerranée. Louis XVI roi le nomme chevalier de ses ordres et le crée, en 1783, maréchal de France. Le maréchal de Mailly est membre de l'Académie des Sciences, et des Lettres et des Arts d'Amiens.
Louis XVI traversant les rangs des troupes défendant le palais des Tuileries avec Augustin-Joseph de Mailly, maréchal de France, avant les combats de la journée du 10 août 1792 (par Yan Dargent).
Couvert de gloire et de blessures dans toutes les guerres, le vieux maréchal a 81 ans en 1789. Le maréchal de Mailly refuse d'émigrer ; l'idée d'un roi abandonné à Paris sans clergé et sans noblesse est pour lui une absurdité révoltante. En 1790, Louis XVI lui donne le commandement d'une des quatre armées décrétées par l'assemblée nationale et celui des 14ème et 15ème divisions militaires. Mais l'assemblée ayant exigé un serment civique, le maréchal de Mailly donne sa démission.
Le 9 août, quand il apprend les dangers qui environnent la famille royale, il se rend aux palais des Tuileries. Il se voit confier par le roi le commandement des troupes qui défendront les Tuileries le lendemain, le 10 août 1792.. Lors de l'attaque, la défense est balayée, et Mailly échappe au massacre et reçoit de l'aide pour s'enfuir.
Le maréchal est cependant dénoncé puis arrêté peu de jours après sa fuite et conduit devant la section, qui veut l'envoyer à la prison de l'Abbaye. Son passé, son âge et ses idées généreuses du temps des Lumières, font qu’un commissaire réussit à s’y opposer. Le maréchal échappe donc de peu aux massacres de Septembre dans cette prison.
Il se réfugie avec sa famille dans leur château de Mareuil-Caubert, près d’Abbeville. Le représentant du peuple André Dumont, le fait jeter en prison, le 26 septembre 1793. Il est rejoint par sa femme, et ils restent enfermés dans la citadelle de Doullens pendant quatre mois. Joseph Lebon, autre représentant du peuple, l'envoie à l'échafaud à Arras. À l'âge de quatre-vingt-sept ans, ce vieillard a la force de s'écrier, en fixant l'instrument de sa mort : Vive le roi ! Je le dis comme mes ancêtres.
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