Le 17 octobre 1940, survenait l'épisode meurtrier le plus important subi par la partie nord de la Catalogne au XXe siècle, comportant la mort de 370 personnes. Le grand « Aiguat de 1940 » , étendu du 16 au 20 octobre, a occasionné le record européen de précipitations dans le hameau de La Llau, dans la région du Haut-Vallespir, où ont été relevés 840 mm en 24 heures. Une fort coup d'Est, additionné aux pluies apocalyptiques provoquant la furie des eaux du Tech, de la Têt, du Ter et du Fluvià, ou encore de l'Agly et du Galligans, a suscité une panique majeure, jamais observée depuis l'Aiguat de Sant Bartomeu, en août 1842. Mais en dépit de problématiques et de malheurs semblables, ce drame humain est un grand témoignage du verrouillage des territoires. En effet, la débâcle militaire du printemps en territoire français, la guerre civile en territoire espagnol, avaient amené le maréchal Pétain et le général Franco au pouvoir. Mais aujourd'hui, en 2010, à l'heure nouvelle du "transfrontalier", le regard porté sur cette catastrophe porte en lui ce cloisonnement politique. Les 50 morts des Pyrénées-Orientales et les 320 morts de la Catalogne du sud ont marqué les esprits, mais les rappels historiques restent séparés, comme les faits de l'époque. Sur le modèle du nuage de Tchernobyl ne franchissant pas les frontières de France, les drames vécus par Amélie-les-bains et Olot, dans deux vallées industrielles jumelles, le Vallespir et la Garrrotxa, démontrent un clivage issu des régimes anciens.
Catalogne du nord, octobre 1940
Perpignan, Pont Joffre, 17 octobre 1940
L'hôtel de l'Eden Parc à Vernet-les-Bains à demi détruit (cliché X, collection S. Roca)
Article paru dans la Semaine du Roussillon