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Par atao feal le 3 Août 2014 à 14:38
Brasillach au sortir de l'ENS
Robert Brasillach, né le 31 mars 1909 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), fusillé le 6 février 1945 au Fort de Montrouge à Arcueil (Seine) ; aujourd'hui Val-de-Marne, est un écrivain, journaliste et critique de cinémé français.
Outre ses activités littéraires, il est surtout connu pour son engagement politique à l'extrème droite : formé à l'Action française, il évolue vers le facisme dans les années 1930 (tout en continuant d'écrire dans L'Action française). Sous l'Occupation, il devient rédacteur en chef du journal collaborationniste et en antisémite Je suis partout. Il est ensuite jugé pour ses écrits politiques, condamné et fusillé durant l'épuration.
Biographie
Ancien élève du lycée de Sens (Yonne) où il a pour professeur Gabriel Marcel, Robert Brasillach est, après trois ans de classe préparatoire littéraire au Lycée Louis-le-Grand (Paris) — où il côtoie Maurice Bardèche, Thierry Maulnier, Paul Gadenne, José Lupin, Jean Martinet et Paul Arrousseau —, admis à l'École Normale Supérieur en 1928, période qu'il décrira longuement dans les premiers chapitres de Notre avant-guerre, livre de mémoires écrit en 1939-1940.
Il assura une chronique littéraire dans le quotidien L'Action française jusqu'en 1939, et dans L'Étudiant français durant la première moitié des années 1930. En accord avec la germanophobie répandue au sein de l'Action française, il est à cette époque extrêmement sceptique vis-à-vis de l'hitlérisme. Après avoir lu Mein Kempf, il écrit en 1935 : « C'est très réellement le chef-d'œuvre du crétinisme excité... Cette lecture m'a affligé »
Auteur de l'entre-deux guerres (en 1939, il manque de peu le prix Gongourt) et de la Seconde Guerre mondiale, il fut, de 1937 à 1943 (période entrecoupée d'une captivité en Allemagne de 1940 à 1941, à la suite de sa mobilisation et de la défaite française), rédacteur en chef de l'hebdomadaire Je suis partout, dans lequel il laissa transparaître sa haine des Juifs, du Front populaire, de la République, puis, sous l'Occupation, son admiration du IIIème Reich.
Cette reparution du journal marque sa rupture avec Charles Maurras qui refusera de le revoir après avoir affirmé : « Je ne reverrai jamais les gens qui admettent de faire des tractations avec les Allemands. »
En 1943, il cède sa place à Pierre-Antoine Cousteau, collaborateur plus militant, à la tête de l'hebdomadaire. Persuadé de la justesse de ses idées comme au premier jour, Brasillach est paradoxalement évincé à cause de sa constance : fasciste convaincu, il réclame un fascisme à la française, qui soit allié au nazisme mais qui ne soit pas un simple calque ; partisan zélé de la victoire de l'Allemagne nazie, il la juge de moins en moins probable et refuse de mentir en l'annonçant comme certaine à un public qui n'y croit plus.
Procès et exécution
En septembre 1944, sa mère et son beau-frère, Maurice Bardèche, ayant été arrêtés pour faire pression sur lui, il se constitue prisonnier auprès de la Préfecture de police de Paris. Il est emprisonné à la prison de Fresnes (actuel Val-de-Marne) et poursuivi pour intelligence avec l'ennemi. Son procès, qui s'ouvre le 19 janvier 1945 devant la cour d'assises de la Seine, dure 6 heures. Il est condamné à mort le jour même après une délibération de vingt minutes. Sa défense avait été assurée par Maître Jacques Isorni , lequel fut également, quelques mois plus tard, avocat du maréchal Pétain.
Dans les jours qui suivirent, une pétition d'artistes et intellectuels renommés, parmi lesquels Paul Valéry, Paul Claudel, François Mauriac, Daniel-Rops, Albert Camus, Marcel Aymé, Jean Paulhan, Roland Dorgelès, Jean Cocteau, Colette, Arthur Honegger, Maurice de Vlaminck, Jean Anouilh, André Barsacq, Jean-Louis Barrault, Thierry Maulnier, etc., demanda au général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire, la grâce du condamné. Le général choisit de ne pas commuer la peine prononcée, ce qui entraîna l'exécution de la sentence, le 6 février suivant, lorsque Brasillach fut fusillé au fort de Montrouge.
Bien des biographes s'interrogent sur les raisons ayant poussé le général de Gaulle à laisser exécuter Robert Brasillach. Selon les témoignages successifs de Louis Vallon et de Louis Jouvet, qui l'interrogèrent sur le sujet, de Gaulle aurait vu dans le dossier de Brasillach la couverture d'un magazine le montrant sous l'uniforme allemand. Il y aurait eu une confusion avec Jacques Dorlot. Lacouture, qui rapporte cette rumeur, ne croit pas à cette interprétation. Il penche pour l'hypothèse d'une concession faite aux communistes pour pouvoir être plus ferme sur d'autres points.
« [...] Le général de Gaulle a écouté Mauriac, et a refusé la grâce. Quoi qu’il en pensât, de Gaulle ne pouvait s’opposer à toutes les exigences des communistes qui constituaient un tiers du pouvoir, sinon davantage. Ils exigeaient la tête de Brasillach, qui avait conduit bien des leurs au poteau. Je pense que de Gaulle a fait la part du feu. [...] »
Tombe de Brasillach au cimetière de Charonne.
Toutefois, dans le fonds de Gaulle déposé aux Archives nationales, on a retrouvé une note relative à l'« affaire Brasillach » dressant une liste des charges pesant sur l'écrivain. Parmi elles, il est présenté comme « un des responsables de l'assassinat de Mandel », personnalité dont il demandait régulièrement la mise à mort dans son journal Je suis partout et pour laquelle de Gaulle éprouvait estime et respect. Enfin, de Gaulle écrit dans ses « Mémoires » que « le talent est un titre de responsabilité », faisant de ce talent une circonstance aggravante, car il accroît l'influence de l'écrivain.
Robert Brasillach fut inhumé au cimetière de Charonne, dans le XXème arrondissement de Paris. Chaque année, le 6 février, le Cercle franco-hispanique organise un dépôt de gerbes sur la tombe de Robert Brasillach.
Le critique de cinéma
Brasillach est très tôt fasciné par le cinéma : de 1922 à sa mort, il rend compte avec enthousiasme de l'actualité cinématographique. Le fruit de cette passion, outre de nombreuses chroniques dans les journaux, est son Histoire du cinéma, publiée pour la première fois en 1935 et qui fera l'objet d'une nouvelle édition en 1943 en collaboration avec son beau-frère Mauriche Bardèche. Contrairement aux critiques de l'époque, Brasillach adopte sur le cinéma un point de vue politiquement neutre, si l'on excepte quelques rajouts antisémites en 1943. Sa soif de cinéma l'amène à fréquenter assidûment Henri Langlois au Cercle du cinéma. Bien qu'enthousiaste à propos des classiques (Charles Chaplin, Georg Wilhem Pabst, René clair, Jean Renoir, ...) et des films hollywoodiens (John Ford, Frank Borzage, King Vidor, etc.), il fait preuve de goûts originaux et montre une insatiable curiosité pour le cinéma étranger. Il est ainsi le premier à parler en France du cinéma japonais et notamment de Yasujiro Ozu, Kenji Mozoguchi et Heinosuke Gosho. En prison, il travaillait à la troisième édition de son Histoire du cinéma et préparait une adaptation de Falstaff, qu'il espérait tourner avec Raimu.
Article issu de Wikipédia
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