• 1936-1939 : la guerre civile

    Après la mort de Sanjurjo, le 20 juillet 1936, dans un accident d'avion, Franco prend, en septembre, la tête du mouvement de rébellion. A partir d’août 1937 il cumulera, avec ses fonctions de généralissime, celles de chef de l'État.

    Alors que les franquistes rassemblent à peu près tous les cadres des forces armées (sauf l'aviation), le gouvernement républicain dispose essentiellement des forces de police et de volontaires des régions industrielles.

    Dans les deux camps, la lutte est menée sauvagement.

    Le bombardement de Guernica le 26 avril 1937, par les avions de la Légion Condor allemande et ceux de Barcelone, par l’aviation italienne les 17 et 19 mars 1938, sont représentatifs des massacres à l’encontre de la population.

    Deux conceptions du monde

    Les espoirs que le gouvernement républicain place dans la France du Front populaire et la Grande-Bretagne sont vite déçus. Désireux d'éviter guerre générale, Paris et Londres adoptent une politique de « non intervention». Elle n’est pas vraiment respectée par le gouvernement Blum qui ignore voire facilite, discrètement, via les Pyrénées-Orientales, le passage de matériel, armes et munitions pour les républicains.

    La frontière d’Irun étant fermée depuis le 5 septembre 1936, c’est également par le Roussillon que transitent les volontaires des Brigades internationales. Ils seront plus de 32 000 venus d’une cinquantaine de pays, dont plus d’un tiers de Français ; des hommes dirigés par le Perpignanais André Marty. L'URSS fournit pour sa part des techniciens, du matériel ainsi qu’une aide financière, plus particulièrement au Parti communiste qui, jusqu’alors, n’était qu’une force politique secondaire en Espagne.

    De leur côté l’Allemagne et l’Italie affirment, dès le début, leur soutien aux nationalistes, principalement sous une forme aérienne (Légion Condor) pour la première, et l’envoi de quelque 70 000 volontaires fascistes pour la seconde. L’Espagne devient le banc d’essai d’armes et de techniques nouvelles (surtout dans le domaine de l'aviation) qui allaient être utilisées pendant la Deuxième Guerre mondiale. Dirigé par le socialiste Largo Caballero depuis le 4 septembre 1936, le gouvernement légal se réfugie à Valence au mois de novembre suivant, confiant la défense de Madrid au général Miaja. L'échec du soulèvement anarcho-syndicaliste de Barcelone (3-8 mai 1937) contre les staliniens permet au socialiste Juan Negrin, soutenu par Moscou, de former un gouvernement qui s'installe à Barcelone (septembre 1937) et poursuit l'élimination des opposants au communisme, notamment des trotskistes du Parti ouvrier d’unification marxiste.

    De terribles batailles

    Au point de vue militaire, les nationalistes, par la prise de Badajoz (14 août 1936), font la jonction de leurs forces du Nord et du Sud. En septembre, ils lancent sur Madrid une offensive qui est retardée par le siège de l'Alcazar de Tolède (27 septembre).

    Ce retard permet l'arrivée des Brigades internationales qui, en novembre 1936, réussissent à briser l'assaut général des franquistes. La résistance de Madrid se prolongera jusqu’au 28 mars 1939. Cependant, à la fin de 1936, Franco tient déjà plus de la moitié de l'Espagne, avec toute la frontière hispano-portugaise, ce qui constitue un atout important pour son ravitaillement.
    Au cours de l'année 1937, les nationalistes liquident le front Nord en s'emparant de la ceinture fortifiée de Bilbao (19 juin), de Santander (25 août), enfin de Gijon, dans les Asturies (21 octobre). Au sud, après avoir enlevé Malaga (8 février), ils tentent de couper en deux la zone gouvernementale en faisant mouvement de Teruel vers Valence. Mais les Brigades internationales infligent un grave échec aux Italiens à Guadalajara (8-20 mars 1937). La fin de l'année voit un renforcement de l'effort des républicains qui gagnent Teruel le 9 janvier 1938. Seule capitale de province prise aux franquistes, elle est perdue le 22 février.
    Dès le printemps 1938, après la prise de Lerida (4 avril), les nationalistes atteignent la Méditerranée (15 avril) à Vinarós, coupant ainsi la zone républicaine en deux, entre Barcelone et Valence. Le 25 juillet, les franquistes lancent une offensive de grande envergure et passent l’Ebre le 15 novembre.

    Le 28 octobre, Barcelone, la dernière citadelle républicaine, salue le départ des  13000 survivants des Brigades internationales.

    L'ultime offensive nationaliste commence le 23 décembre, soutenue par de puissantes forces aériennes et motorisées. Le front de Catalogne est rapidement enfoncé. Le 22 janvier 1939, les gouvernements espagnol, catalan et basque passent la frontière française. Le 26 janvier Barcelone est prise. C’est le signal de l’exode ! Le 28 mars, les nationalistes investissent Madrid. Le 1er avril 1939, Franco lance son fameux communiqué : « La guerre est finie ». Elle a fait près de 300000 morts auxquels il faut ajouter une importante mortalité infantile et des dizaines de milliers d’exécutions après la fin des combats.

    Article paru dans La Semaine du Roussillon





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