• En 1790 naissait notre département

    Appelé d'abord Roussillon, il devient ensuite Pyrénées-Orientales

    Après la Révolution et l'immense espoir qu'elle a suscité parmi le peuple, se mettent peu à peu en place, non sans mal, les nouvelles structures administratives liées aux découpages des anciennes provinces. 

    Les cantons en 1790

    District de Perpignan : Cantons de Perpignan, Elne, Saint-Laurent-de-la-Salanque, Rivesaltes, Pézilla-la-Rivière, Millas, Latour-de-France, Saint-Paul-de-Fenouillet, Caudiès-de-Fenouillèdes.

    District de Prades : Cantons de Prades, Vinça, Ille, Sournia, Molitg, Vernet, Olette, Formiguères, Saillagouse, Angoustrine.

    District de Céret : cantons de Céret, Argelès, Collioure, Thuir, Arles, Prats-de-Mollo.

     

    Le 15 janvier 1790, l'Assemblée constituante décrète que la France sera divisée en 83 départements délimités avec précision. Le comité chargé du découpage a cependant souhaité que soient respectées l'histoire et les traditions « les provinces qui peuvent s'arranger dans leurs propres limites » et « celles qui sont invitées à se réunir à plusieurs ensembles pour s'accorder sur la division du royaume ».

    La province du Roussillon devient en un premier temps département du Roussillon avant de prendre le nom de Pyrénées-Orientales. Mais l'ex-province est jugée trop petite pour constituer à elle seule un département. On va donc lui adjoindre quelques communautés du Languedoc même si, chez les Catalans, percent quelques craintes de perdre leur personnalité. Le comité décide d'intégrer dans le nouveau découpage la partie supérieure du bassin de l'Agly, la région de Saint-Paul-de-Fenouillet, en invoquant les raisons que le Roussillon est depuis toujours le débouché naturel du Fenouillèdes. Seront exclues du découpage, malgré le souhait des populations d'y être intégrées, les communautés de Gincla, Montfort, Salvezines et la région de Lagrasse qui seront rattachées au département de l'Aude.

    Le 6 mars 1790, les députés de l'ancienne province du Roussillon signent l'arrêté créant le département.

    Districts et cantons

    Ce premier pas étant franchi, il va falloir maintenant constituer les districts, puis les cantons et les communes. Et là, évidemment, des rivalités vont émerger au sujet de la fixation des limites territoriales. si les communautés campagnardes souhaitent réduire l'influence de Perpignan - on sait que de nombreuses terres situées hors du territoire de Perpignan sont détenues par des bourgeois perpignanais - il faut aussi tenir compte des réalités économiques.

    Le district de Perpignan comprendra l'ancienne viguerie de Perpignan - néanmoins amputée - et les communautés languedociennes qui viennent d'être rattachées au département.

    Le district de Prades sera constitué de l'ancienne viguerie du Conflent, de celle de Cerdagne auxquelles on rajoute la région d'Ille qui faisait partie de la viguerie du Roussillon.

    Quand au district de Céret, il comprend l'ancien Vallespir ainsi que la région de Thuir et de Toulouges.

    Le député pradéen ROCA, dans une lettre du 12 février 1790 faisant allusion au découpage, souligne que : « Personne n'est mieux convaincu que moi de la nécessité de renforcer les deux districts dont les chefs-lieux seront Prades et Céret afin de diminuer la force de celui de Perpignan et faire acquérir aux campagnes une représentation supérieure dans les assemblées du département » de telle façon qu'elles puissent ® abattre les entreprises de cette capitale ».

    A signaler cependant que, plus tard la région de Thuir retrouvera le district de Perpignan.

    Par un phénomène sans doute naturel d'autoprotection, plus le découpage se précise, plus il donnera lieu à des rivalités. Il en est ainsi au niveau des cantons. Par exemple Estagel refusera d'être rattaché à Rivesaltes, Mont-Louis demandera d'être séparé d'Olette. La carte des cantons constitués à cette époque nous fait prendre conscience ce que sera plus tard les problèmes de l'exode rural. Les villages d'Angoustrine, Formiguères, Vernet puis Corneilla-de-Conflent, Molitg, Collioure, Pézilla-la-Rivière furent des chefs-lieux de canton, autant de « capitales de petites régions dont la dépopulation du XIXème siècle a brisé la personnalité ».

    L'élection des nouvelles municipalités débute en janvier 1790 : ® elle donne lieu à une immense consultation populaire organisée avec beaucoup de soin et qui ne se réalise pas sans mal en raison du fort pourcentage d'illettrés ». A Perpignan, le maire restera un monarchiste conservateur, le marquis d'Aguilar, tandis que les villages sont souvent élus des patriotes, propriétaires ou marchands. A Estagel, François ARAGO, ancien premier consul et père de celui qui deviendra plus tard l'illustre physicien, astronome et homme politique, devient maire. A Saillagouse émerge un homme nouveau, Joseph CALVET.

    Le droit de voter

    Il n'est pas donné à tout le monde. Ne sont appelés à voter que les citoyens de sexe masculin payant un impôt équivalent au minimum à trois journées de travail. On appelle ces hommes les citoyens actifs. Les plus pauvres, qui sont cependant majoritaires, ne voteront pas. Avec ses 110000 habitants, le nouveau département ne comptent que 16978 citoyens actifs répartis comme suit : 6527 pour le district de Perpignan, 4315 pour celui de Céret et 6136 pour celui de Prades.

    Les citoyens actifs vont élire la municipalité de leur commune et délèguent leur pouvoir pour les autres élections à de grands électeurs, à raison de un électeur pour cent citoyens actifs. ces grands électeurs, choisis parmi les contribuables qui payent un impôt égal à dix journées de travail, élisent à leur tour les députés, les juges, les membres de l'administration départementale et ... l'évêque. Ils sont 170 dans le département. Aucune restriction : ne peuvent être élus députés que les contribuables payant un impôt égal à un marc d'argent. Nos représentants à la chambre seront donc obligatoirement des notables. Il faut dire que, à cette époque, l'illettrisme est nettement majoritaire. On cite l'exemple de la Cerdagne où, dans nombre de communautés, « il n'y a pas un seul homme lettré ou du moins qui sache écrire le français ». A Saint-Estève, parmi les nouveaux élus, ne savent signer que le maire, le procureur, le secrétaire et un notable. Les deux officiers et cinq notables sur six sont illettrés.

    La loi du 28 pluviôse de l'An VIII (17 février 1800) annoncera la fin du district qui sera remplacé par l'arrondissement.

    Article paru dans « La Semaine du Roussillon »





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