• De l'or dans le Roussillon

    Trouver de l'or ! C'est le rêve qui hante les nuits de tous les orpailleurs – chercheurs d'or – de la planète. La patience et la persévérance seront toutefois les vertus premières de ces hommes capables de remuer en vain des tonnes de matériaux avant d'y découvrir une parcelle du précieux métal.

    Il en est de l'or comme de la truffe, qu'on appelle aussi le diamant noir : ceux qui connaissent les sites n'en souffle mot. Il y a des signes que seuls les spécialistes savent décrypter et nous nous contenterons ici de donner les grandes lignes de ce que sont (ou furent) les filons aurifères de notre région.

    Et tout d'abord nos rivières, la Têt, le Tech, le Réart et leurs affluents. Elles véhiculent toutes de minuscules pépites, de l'ordre du millimètre, qu'il faut aller chercher dans les alluvions, les trous, les dépôts argileux. Quand à l'Agly, il est signalé un bassin aurifère à la source, au pic de Bugarach (Aude).

    On a cité par exemple, dès le Moyen Age, une exploitation d'or qui a duré des siècles à Saint-Jean-Pla-de-Corts. L’endroit exact n'en est pas connu mais il certain que, compte tenu des moyens de l'époque, il doit bien rester des kilos d'or quelque part dans le sous-sol du territoire de la commune.

    Les études lancées en 2009 par l'Université de Toulouse le Mirail au travers de « Travaux et Recherches Archéologiques sur la Culture, les Espaces et la Société » ont permis d'identifier en Cerdagne les mines d'or en alluvions dont la technique d'exploitation était déjà connue des Romains. « Les recherches géologiques menées sur le terrain de Saillagouse ont confirmée la présence de l'or alluvial à l'échelle locale avec la mise en évidence de grains d'or dans les sédiments récents de la rivière du Sègre, en aval des chantiers de Llo et dans le ruisseau qui draine les chantiers de Saillagouse ».

    L'une des astuces utilisées il y a pas si longtemps par certains exploitants de sablière était de disposer sous les trémies des morceaux de moquette dans lesquelles les pépites mêlées à l'eau venaient s'emprisonner, étant plus lourdes que le sable. L'histoire ne dit pas combien de kilos d'or ont été amassé ainsi mais sans doute faut-il calculer plus en grammes qu'en kilogrammes. On retrouve un dispositif identique chez certains artisans du forage qui font remonter à la surface de grosses quantités de sable.

    Mine d'or des Glorianes

    Glorianes entre Conflent et Aspres 21 habitants en 2008 mais un territoire de 1872 hectares. Une route qui part de Vinça, traverse Rigarda et rejoint Glorianes., Terminus tout le monde descend ! La mine aurait été découverte en 1902 par des bergers et les premiers travaux de fouille et de recherches sont menés jusqu'en 1905. Une concession portant sur 1080 hectares est accordée par l'État en 1922. S'ensuivra une exploitation artisanale et intermittente en 1923-1924 puis en 1938-1939. Il est indiqué que 150 personnes travaillaient sur ce site en 1939.

    Vient la guerre, et, en 1941, une demande de concession est refusée. Rien ne se fait jusqu'en 1955, année où le Service des Mines, estimant que le gisement était insuffisamment connu et que les recherches antérieures n'étaient que superficielles, accorde une mutation et les recherches reprennent. L'exploitation est cependant abandonnée en 1963.

    Quatre ans plus tard, la concession est annulée mais un nouveau permis de recherches est sollicité en 1968. Des travaux continuent en 1969 et des sondages sont effectués à Serrabonne.

    On estime que le minerai extrait contenait 12 % d'arsenic et titrait de 20 à 25 grammes d'or par tonnes de minerai.

    Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières estime que 1200 tonnes d'arsenic et 350 kg d'or ont été extraits de Glorianes. La mine comprenait 1700 m de galerie , 19 entrées et 3 puits. Le minerai était réduit en poudre sur place puis expédie ailleurs pour l'extraction du métal précieux. Toujours selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières, les mêmes quantités seraient en réserve mais l'extraction n'est pas jugée rentable.

    Trois filons principaux sont connus à Glorianes et deux à Serralongue.

    Il est dit aussi que certains habitants de Glorianes niaient la présence d'or dans le minerai extrait et on peut les comprendre car cet or quasiment invisible à l'œil nu. Seul, un traitement spécialisé permettait de l'isoler.

    A ceux qui, en lisant ces lignes, seraient tentés d'investir la mine de Glorianes avec pelles, pioches et seaux, il faut dire que c'est une propriété privée et l'accès en est clairement interdit.

    Alors, faire fortune en cherchant de l'or, vous y croyez ? Vous pouvez toujours essayer...

    Article paru dans « La Semaine du Roussillon »





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