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Par atao feal le 1 Novembre 2014 à 09:46
Narcis Monturiol
Inventeur su premier sous-marin à combustible, étrange destin que celui de ce génial inventeur catalan qui fut victime de ses convictions politiques républicaines.
Narcis Monturiol naît le 28 septembre 1819 à Figueres (Espagne) où son père est artisan tonnelier. Après des études de médecine qu'il décide d'abandonner, il fait du Droit à Barcelone et obtient sa licence en 1845. Il avait été mêlé auparavant aux troubles de Barcelone en 1842 et 1843. Ami d'Abdó Terrades, il rejoint le Parti Républicain et écrit dans El Républicano. Ayant appris le métier d'imprimeur, marié la même année à Émilie, il fonde en 1846 une imprimerie avec un ami et de ses ateliers sortiront revues et pamphlets où domineront ses idées radicales en du féminisme, du pacifisme et du communisme. Il sympathise avec la philosophie du français Étienne Cabet, socialiste utopique fondateur du mouvement Icarie sur les bords de la Rivière Rouge au Texas. Il crée la revue La Fraternidad en 1847, premier périodique communiste en Espagne qui publiera Voyage en Icarie, de Cabet. Il fonde également la revue La Madre de Familia qui défend les femmes de la tyrannie des hommes. En 1848, après les troubles révolutionnaires, le gouvernement espagnol interdit La Fraternidad et Monturiol est forcé à s'exiler un temps en France, à Perpignan. Amnistié peu après, il retourne en Espagne et fonde la revue El Padre de Familia qui cessera rapidement de paraître, grevée, d'amendes et de sanctions gouvernementales.
Monturiol, pour vivre, va alors imprimer du matériel scolaire en même temps qu'il se consacre à ses premières inventions.
Réfugié à Cadaqués en 1855 à cause de ses activités politiques, il gagne sa vie comme artiste peintre et observe avec attention la difficile et dangereuse activité des pêcheurs de corail. De la réflexion naît le projet d'un appareil sous-marin pour récolter le corail. En 1857, il fonde avec ses amis de l’emporta la première société commercial de l'État espagnol dédiée à l'exploitation de ce concept qui prend le nom de Monturiol, Font, Altadill et Cie. Un an après, le projet est présenté et l'Ictineo I est en chantier puis mis à l'eau le 28 juin 1859 au port de Barcelone avec succès. Cette réussite aurait dû logiquement déboucher sur un support matériel gouvernemental, ce qui ne fut pas le cas. Monturiol fit donc appel à une souscription publique et les fonds recueillis servirent à créer l'entreprise. La Navigacion Submarina qui allait construire l'Ictineo II.
L'Ictineo I
Ictineo I Musée Marítime de Barcelone
Construit en bois, il mesurait 7 m de long, 2,50 m de large, 3,50 m de haut et sa destination première était celle de pêcher le corail. A l'intérieur, la coque sphérique avait une capacité de 7 m3 tandis qu'à l'extérieur sa forme elliptique lui donnait l'allure d'un poisson. Entre les deux parois avaient été aménagés des bacs de flottaison ainsi qu'un réservoir à oxygène et un autre à hydrogène servant à illuminer les profondeurs. L'appareil était mis en mouvement par un propulseur à ailette actionné par un équipage de quatre hommes.
La première immersion, effectuée en 1859 au port de Barcelone devant un public intrigué, eut une durée de 2h20mn. En tout, l'Ictineo I effectua 69 plongées sans le moindre incident, ce qui le distinguait des autres prototypes contemporains.
L'Ictineo II
Ictíneo II devant le port de plaisance de Barcelone
Il fut le premier sous-marin à utiliser un combustible pour sa propulsion. Long de 14m, large de 2m, haut de 3m, il avait un volume de 23m3, était manœuvré par 2 hommes et plongeait à 30m. Construit en bois d'olivier, avec renforts en chêne, il était revêtu extérieurement d'une couche de 2mm de cuivre. La partie supérieure était dotée d'une ouverture de 1m30 équipée de trois hublots en verre épais de 10cm et d'un diamètre de 20cm. De la tourelle, le submersible pouvait être guidé à l'aide d'un renvoi à vis hélicoïdale.
Quatre compartiment étanches de 8m3 situés symétriquement à gauche et à droite garantissaient la flottabilité de l'engin lorsqu'ils étaient vides. Ces réservoirs pouvaient être inondés à volonté pour l'immersion. Remonter à la surface se faisait en injectant de l'air comprimé qui chassait l'eau des compartiments. Un contrepoids se déplaçant longitudinalement sur un rail assurait l'équilibre de l'engin en plongée. Ce mécanisme était contrôlé par le timonier. Le sous-marin était également doté d'un système de secours lui assurant une remontée rapide en cas de nécessité.
Mais l'invention la plus importante de Monturiol fut le moteur anaérobique dont était doté l'engin. Ce moteur utilisait la réaction chimique du chlorate de potassium, du zinc, du manganèse et du peroxyde. Cette réaction dégageait aussi de l'oxygène qui, après traitement, était utilisé pour le confort de l'équipage et pouvait actionner une machine à vapeur auxiliaire pour la propulsion.
Lancé le 2 octobre 1864 dans le port de Barcelone, l'Ictineo II intéressa vivement la Marine ainsi que le général Dulce mais Monturiol n'obtint pas le moindre crédit du gouvernement de la reine Isabel II. En 1867, l'entreprise La Navigacion Submarina tombe en faillite et l'Ictineo II, détruit par son inventeur, est vendu au poids de la ferraille.
Il faudra attendre 1940 pour qu'un submersible allemand soit propulsé par un moteur anaérobique utilisant le principe équivalent à celui de Monturiol.
Les inventions de Monturiol
Après l'échec de son entreprise de sous-marin, plus politique que technologique, Monturiol va inventer successivement une machine à fabriquer les cahiers d'écoliers, un procédé pour accélérer la production de papier adhésif, une machine à fabriquer des cigarettes, et d'autres pour la colle, du savon à froid, des semelles de chaussures, des chemises pour cylindre de moteur, du cirage à chaussures, un système de conservation des viandes. Il imagine également un projet de funiculaire à Tarragone et un autre pour amener l'eau du fleuve Ter à Barcelone.
A partir de 1868, Monturiol retourne à l'activité politique et il sera élu député du Parti Fédéral lors de la Première République Espagnole (1873-1874). Peu après, il sera nommé directeur de la Fabrica Nacional de Moneda y Timbre à Madrid.
Après la restauration de la monarchie en décembre 1874, Monturiol est destitué. Il meurt complètement ruiné en 1885 à Sant Marti de Provençals, près de Barcelone.
En 1972, ses restes sont ramenés à Figueres et inhumés dans la section de personnalités illustres au cimetière municipal. Un monument lui a été élevé sur la Rambla.
Monument sur la Rambla de Figueres
Article paru dans La Semaine du Roussillon
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