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La Coupo Santo
C'est en 1867 que les Catalans envoyèrent aux Félibres Provençaux une coupe d'argent en témoignage de gratitude pour l'accueil fait au Poète Catalan Victor Balaguer né à Barcelone en 1824, décédé à Madrid en 1901, promoteur de la renaissance de la littérature Catalane en France, expatrié pour causes politiques et aussi pour marquer l'amitié toujours vive entre les deux provinces.
La coupe, de forme antique est une conque supportée par un panier contre lequel s'appuient deux statuettes. L'une représente la Catalogne, l'autre la Provence. Elle fut faite grâce à une souscription de 1800 signatures et par un orfèvre qui ne voulut pas être payé lorsqu'il apprit le but patriotique de l'objet.
Au pied de chaque figurine, il y a les armoiries qui la désignent. On peut lire autour de la conque : Présent offert par les patriotes Catalans aux Félibres Provençaux pour l'hospitalité donnée au Poète Catalan Victor Balaguer en 1867.
Et sur le socle, sont finement gravés les vers :
« On la dit morte, mais moi je la crois vivante » Victor Balaguer
« Ah ! si on savait me comprendre ! Ah ! si on voulait me suivre ! » Frédéric Mistral
Frédéric Mistral, se rendait souvent à Béziers (Hérault), dont il devint citoyen d'honneur.
A la fin du banquet qui suivit la remise de la coupe, en Avignon, Mistral lança un hymne, dont il avait aussi écrit la musique, pour remercier. Celui-ci est devenu « Le chant national du Pays d'Oc », « L'Hymne de la Provence » toujours chanté dans les cérémonies félibrennes, repris à Béziers par un ensemble de plusieurs chorales lors du dernier Téléthon.
Hymne en langage Provençal qui sera suivi par sa traduction pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue.
Refrain repris entre chaque couplet.
Coup Santo
E versanto
Vuejo à plen bord,
Vuejo abord
Lis estrambord
E l'enavans di fort.
Prouvençau, veici la coupo
Que nous vèn di Catalan :
A-de-rèng beguen en troupo
Lou vin pur de noste plant.
D'un vieil pople fièr e libre
Sian bessai la finicioun ;
E, se toumbon li felibre
Toumbara nosto nacioun.
D'uno raço que regrelo
Sian bessai li proumié gréu :
Sian bessai de la patrio
li cepoun emai li priéu
Vuejo-nous lis esperanço
E li raive dóu jouvènt
Dóu passat la remembranço
E la le dins l'an que vèn
Vuejo-nous la couneissènço
dóu Veral emal dóu Bèu
E lis àuti jouïssenço
Que se trufon dóu toumbèu !
Vuejo-nous la pouësio
Pèr canta tout ço que viéu,
Car es elo l'ambrousio
Que tremudo l'ome en dièu !
Les hommes se décoiffent et le dernier couplet se chante debout.
Pèr la glòri dóu terraire
Vautre enfin que sias counsènt,
Catalan, de lluen, o fraire,
Coumunien tóutis ensèn.!
Traduction :
Coupe sainte et débordante
Verse à plein bords, verse à flots
Les enthousiasmes et n'énergie des forts.
Provençaux voici la coupe
qui nous vient des Catalans
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de notre cru
D'un ancien peuple fier et libre
nous sommes peut-être à la fin
et si les Félibres tombent
tombera notre Nation.
D'une race qui re-germe
peut-être sommes-nous les premiers jets
de la patrie, peut-être, nous sommes
les piliers et les chefs
Verse-nous les espérances
et les rêves de la jeunesse
Le souvenir du passé et la foi dans l'an qui vient.
Verse-nous la connaissance
du vrai comme du beau
et les hautes jouissances
qui se rient de la tombe !
Versez-nous la poésie
pour chanter tout ce qui vit
car c'est elle l'ambroisie
Qui transforme l'homme en dieu !
Les hommes se décoiffent et le dernier couplet se chante debout.
Pour la gloire du pays
vous enfin nos complices
Catalans de loin ô frères
tous ensemble communions
Pas d'applaudissement à la fin de la part du public.
Joan ADAÏS