• Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées

    Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées s'apprêtent à écrire une nouvelle page de leur histoire commune

     

    Entre la Garonne et le Rhône se déploie un large espace, bordé au nord par les contreforts du Massif Central, au sud par les Pyrénées et la Méditerranée. En 27 siècles d'histoire, cet espace sud européen, fait de multiples et subtiles complémentarités, a vu se côtoyer et s'entremêler des peuples aux cultures et spiritualités différentes. Les région Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées ont de tout temps tissé des liens et multiplié les échanges. La preuve par l'Histoire...

     

    Antiquité

    L'histoire commence au VIIème siècle avant Jésus-Christ avec l'arrivée des Ibères, peuple originaire de la péninsule ibérique. Après avoir franchi les Pyrénées ils s'installent entre l'Adour et l'Orb et fondent plusieurs villes dont Auch, Lombez ou Elne. Au Vème siècle avant Jésus-Christ, ils sont supplantés par l'arrivée d'une peuplade celtique, les Volques, qui s'établissent également entre la Garonne et le Rhône.

    Le premier « âge d'or » du territoire qui sera demain notre grande région débute au IIème siècle avant Jésus-Christ avec la création par Rome d'une première province hors de la péninsule italique. Sa capitale Narbo-Martius (Narbonne) lui donne son nom de Narbonnaise. Elle s'étendra de l'ouest de Toulouse jusqu'aux rives du lac Léman. Premier rempart de Rome contre les redoutés peuple gaulois, la Narbonnaise assure à l'empire une route sûre entre les péninsules ibérique et italique. Les légions romaines de César s'en servent de base arrière pour conquérir l'ensemble de la Gaule. Cette période gallo-romaine voit le développement de Narbonne, mais aussi de Nemausus (Nîmes) et Tolosa (Toulouse).

     

    Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées

     La Via Domitia relie les péninsules italique et ibérique

     

    Moyen-Âge

    La période des invasions dites barbares qui précipitera la chute de l’empire romain d'Occident amène Rome à nouer des alliances avec certains de ses ennemis. Ainsi les Wisigoths, originaires des rives de la mer baltique, qui pillent Rome en 410, se voient attribuer en 418 des terres au sud-ouest de la Gaule. Les Wisigoths édifient ainsi autour de Toulouse, leur capitale, le premier des royaumes dits barbares qui, à son apogée au VIème siècle, s'étendra de la Loire au Guadalquivir (Andalousie) avec Tolède comme capitale. Lors de la bataille de Vouillé (Vienne) en 507, les Francs menés par Clovis battent les Wisigoths qui se replient au-delà des Pyrénées et ne conservent plus de ce côté des Pyrénées que le territoire correspondant au Languedoc-Roussillon actuel. Appelé Septimanie en référence aux sept cités qui le composent (Elne, Narbonne, Carcassonne, Béziers, Agde, Maguelone et Nîmes) ou Gothie, ce territoire restera aux mains des Wisigoths jusqu'à la conquête sarrazine.

    Au début du VIIIème siècle, les troupes arabo-berbères franchissent le détroit de Gibraltar et entament leur conquête de la péninsule ibérique puis du territoire actuel de la France. Elles s'emparent de Narbonne, mais échouent à Toulouse. La bataille de Toulouse en 721 signe l'arrêt définitif de l'expansion territorial musulmane au nord des Pyrénées. Onze ans avant leur dernière tentative d'incursion repoussée par Charles Martel à Poitiers en 732. Narbonne dépend néanmoins quelque temps du califat de Cordoue.

    A la fin du VIIIème, un certain Guilhem, petit-fils de Charles Martel et cousin germain de Charlemagne, reconquiert les territoires musulmans du Rhône jusqu'à Barcelone. Nommé premier comte de Toulouse, il se retire bientôt dans l'abbaye de Gellone qu'il a fondé, aujourd'hui Saint-Guilhem-du-Désert. La légende s'empare de lui sous le nom de Guillaume d'Orange.

    Sous l'impulsion de Raymond IV de Saint-Gilles, le Comté de Toulouse retrouve la configuration de la Narbonnaise, entre Garonne et Rhône. La Croisade contre les Albigeois, dirigée d'abord contre l'hérésie cathare, puis contre le Comte de Toulouse qui l'a soutenue, aboutira finalement à l'annexion des terres de Toulouse au royaume de France à la fin du XIIIème siècle.

     

    Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées

    Le château de Montségur ( Ariège) Haut-lieu de la résistance cathare

     

    Époque moderne/Révolution

    Paradoxalement, c'est le rattachement à la couronne de l'ancien comté de Toulouse qui donne au Languedoc une vraie quoique relative autonomie. Les nouveaux États du Languedoc qui ont la responsabilité de lever l'impôt, siègent à Toulouse et à Montpellier où ils se fixent en 1736. Leur domaine s'inscrit désormais, du XVème au XVIIIème siècle, dans le ressort plus étendu du Parlement de Toulouse, le deuxième du royaume à pouvoir rendre la justice au nom du roi.

     

    Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées

    Le canal du Midi creusé à la fin du XVIIème siècle relie Sète et Toulouse

     

    Le creusement du canal du Midi imaginé par Pierre-Paul Riquet, et mené en à peine 15 ans, confirme la complémentarité du haut et du Bas Languedoc. À la Révolution, la volonté d'effacer tout souvenir des anciennes provinces aboutit au découpage départemental. Au milieu du XIXème siècle, la redécouverte de la lyrique des Troubadours dans toute l'Europe soulève un ample mouvement littéraire autour de Frédéric Mistral. Bientôt, à Montpellier, Toulouse et Montauban, des intellectuels et des écrivains, au contact des catalans, font basculer la langue d'oc dans la modernité.

     

    Époque contemporaine

    Les régions sont créées en 1972 mais il faut attendre 1982 pour qu'elles deviennent des collectivités de plein exercice et 1986 pour les premières élections des conseillers régionaux aux suffrage universel direct. Après une trentaine d'années d'existence, les Régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées s'apprêtent à s'unir à nouveau.

     

    Un patrimoine linguistique et culturel : Le catalan et l'occitan

    L'occitan s'est constitué avant la fin du premier millénaire sur une base latine dont il demeurera plus proche que le français du nord de la Loire, plus influencé par le francisque, langue germanique des Francs. L'âge d'or de l'occitan se situe entre le XIème et le XIIIème siècle, à l'époque où les troubadours rayonnent sur l'Europe entière. Progressivement, le pouvoir royal puis républicain, impose le français comme seule et unique langue officielle. Il faudra attendre le milieu du XIXème siècle pour que l'occitan revienne sur le devant de la scène littéraire, d'abord. Aujourd'hui, l'occitan bénéficie d'un statut de co-officialité dans le Val d'Aran, mais aussi sur tout le territoire de la Catalogne et plus récemment dans le cadre de l'Eurorégion.

    Le catalan s'est formé vers le IXème siècle, lui aussi à partir du latin vulgaire. Il a connu une phase d'expansion en Méditerranée du XIIIème eu XVIème siècle avant que les Espagnols, en accédant au trône de la couronne catalane, ne le remplace par le castillan. Sa renaissance, notamment littéraire, date du milieu du XIXème siècle. Interdit sous Franco, le catalan et ses variantes est aujourd'hui parlé principalement en Espagne (Aragon, Catalogne, Îles Baléares, Pays valencien, une partie de l'Aragon), en France (Pyrénées-Orientales) mais aussi dans la ville d'Alghero en Sardaigne et dans la principauté d'Andorre.

    Article paru dans « L'accent du Sud »