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Le tramway est roi à Perpignan en 1928
Après la démolition des fortifications, réalisés entre 1904 et 1905, les nouveaux quartiers périphériques prennent quelque extension : la route de Canet, le Vernet, les environs du cimetière Saint-Martin et la route de Rivesaltes.
La population laborieuse habite toujours la vieille ville alors que les espaces libérés sont occupés par des commerces et deviennent la résidence des milieux aisés.
Aux quartiers Saint-Jacques résident essentiellement les ouvriers agricoles des jardins du même nom et des vignobles environnants. Car l'activité liée à l'agriculture et la viticulture est importante. En 1927, 195 propriétaires viticulteurs résidant à Perpignan ont déclaré une récolte de 122592 hectolitres. Perpignan est donc la plus importante commune du département au niveau de la production de vin. À eux seuls, les dix premiers récoltants déclarent plus de 32000 hectolitres.
Depuis 1912, le maire de Perpignan est Joseph Denis. Jean Payra, député, est 1er adjoint. François Batllo, docteur en droit, 2ème adjoint. Le docteur Albert Rives, 3ème adjoint. Michel Salles, horticulteur, 4ème adjoint et Joseph Marcerou est le 5ème adjoint. 24 conseillers complètent la municipalité. Nos représentants à l'Assemblée Nationale sont les députés Jean Payra et Pierre Rameil tandis que siègent au Sénat Jules Pams et Victor Dalbiez, ce dernier étant également le président du Conseil général.
Le tramway sillonne la ville alors que les rues encombrées de la vieille cité voient circuler quelques voitures mais surtout des attelages hippomobiles à quatre roues, utilisés le plus souvent pour les livraisons de marchandises. On entre dans la ville, au Nord, par le pont Joffre, ce qui ne manque pas de créer de sérieux embouteillages au faubourg Notre-Dame.
La Traversée du Pont Joffre
Le tramway à la Gare SNCF
Avenue de la Gare – Collection Jean Josset
Le téléphone, un outil encore peu utilisé, est à trois chiffres. Pour joindre un service municipal, il faut se déplacer car seuls les chefs de service s'en réservent l'usage. C'est le règne de la communication verbale !
Par contre, si vous recherchez un particulier habitant en ville, rien de plus facile : il suffit de consulter le Guide des Pyrénées-Orientales de 1927 qui s'offre le luxe de mentionner le nom, l'adresse et parfois la profession des 15000 chefs de famille. Si l'on fait le rapport entre la population - 69000 habitants - et le nombre de chefs de famille, on s’aperçoit que chaque foyer est composé en moyenne de 5 personnes. À cette époque, plusieurs générations partagent le même toit, Sécurité Sociale et retraite n'existe pas encore et les jeunes prennent soin de leurs anciens qui, bien souvent, travaillent jusqu'à la limite de leurs forces.
Le tissu commercial de la ville
En 1927, on dénombre à Perpignan 207 épiceries de détail et 12 grossistes, ce qui nous donne un ratio d'une épicerie pour 340 habitants environ. Ces chiffres sont à peu près équivalent à ceux observés dans les villages, par exemple Rivesaltes où nous trouvons 17 épiceries pour 5214 habitants. Ou encore Estagel : 7 épiceries pour 2414 habitants.
Les bouchers sont 63, soit 1 pour 1090 habitants tandis qu'on dénombre 53 boulangers (1/1300h) et 33 pâtissiers.
On dénombre 120 marchands de légumes, presque autant que les débits de vins, cafés-limonadiers qui sont 123.
L'importance de l'agriculture et la viticulture est matérialisée par la présence de 67 courtiers en produits agricoles, 21 marchands de grains et 22 marchands de bestiaux, uniquement sur Perpignan.
Chez les artisans, on trouve 62 coiffeurs, 42 menuisiers, 20 charrons-forgerons, 23 couturières et 45 tailleurs pour hommes.
Peu de commerçants font de la publicité, la «réclame» comme on dit à l'époque. Certains considèrent même qu'il est dégradant de s'afficher, la réputation d'un commerce, selon eux, se construisant par le bouche à oreille véhiculé par les clients satisfaits.
Nous remarquerons curieusement que les compagnies d'assurances sont gérées par des personnalités qui affichent leurs titres ou décorations. Sécurité oblige !
Article paru dans « La Semaine du Roussillon »